La semaine dernière, le journal berlinois Der Tagesspiegel révélait comment les abus sexuels et les mauvais traitements physiques se produisaient à l'encontre de mineurs – de manière systématique dans certains cas – dans les différents centres d'accueil de la jeunesse dans l'ancienne République démocratique allemande. Dans l'ancienne Allemagne socialiste fonctionnaient quelques 474 centres d'État d'accueil pour la jeunesse, parmi lesquels 70 travaillaient comme foyers spéciaux et centre fermés pour enfant et adolescents « difficiles », où les maltraitances auraient été les plus nombreuses.
Gabriele Beyler, directrice du mémorial de l'ancien centre de jeunesse de Torgau, a expliqué au journal que jusqu'à présent ce sont déjà 25 anciens pensionnaires de ces centres – pointe de l'iceberg – qui se sont adressés à elle, dénonçant des agressions sexuelles massives de la part des éducateurs alors qu'ils étaient âgés entre 6 et 17 ans. D'autres victimes ont également pris contact avec d'anciens dignitaires de l'ancien régime communiste ou avec l'actuel député de la région de Torgau, Manfred Kolbe. Tous parlent de dizaines voire même de centaines de victimes de pédophilie et de violence physique occultés par la honte.
Pour le quotidien allemand, personne ne s'étonnera du fait qu'il y ait eu aussi des abus sexuels à l'encontre de jeunes au sein de centres d'État de l'ancienne RDA, une dictature totalitaire où le pire était toujours possible et pourquoi pas la perversité, la pédérastie ou l'abus d'autorité, dans une société de commandement où l'individu et l'enfant en premier était soumis au service de l'État et de son idéologie.
Le 23 avril prochain sera inauguré une table ronde pour traiter des abus sexuels en Allemagne. Créée à l'initiative des ministres de la justice, de l'éducation et de la famille, elle tentera de chercher la manière d'aider les victimes d'abus sexuels de la par de religieux. Gabriele Beyeler veut y participer et a demandé au gouvernement que soient également traités les cas d'abus commis dans l'ancienne République démocratique allemande jusqu'à la chute du Mur de Berlin et l'effondrement de la dictature socialiste : « Il n'y a pas de victimes de première ou de seconde classe », dénonce-t-elle. Alors même que les abus sexuels commis par des religieux ne concernent qu'une infime minorité des cas recensés en Allemagne. Ainsi, le 9 mars dernier, le doyen des spécialistes italiens du Vatican, Luigi Accattoli – journaliste d'expérience ayant collaboré avec la Repubblica ou le Corriere Della Sera – rappelait dans un article paru dans le journal italien Liberal que, depuis 1995, 210.000 cas d'abus sexuels avaient été recensés et que seulement 94 (moins de 0,05% des cas) concernaient des personnes ou des institutions liées à l'Église catholique.