La situation de Nicolas Sarkozy complique. Son Premier Ministre, François Fillon, a une cote de popularité qui montre qu’il y a plus de gens qui ne lui font pas confiance que… d’optimistes. Lui-même, le grand chef, récolte à peine 50% d’opinions favorables.
Un micro sondage, mené par moi-même au bistro du coin, montre qu’une majorité des électeurs de droite (ceux de gauche, n’en parlons pas) qualifie la politique économique de « Nulle à chier ». Quand on est « petit retraité » ou commerçant, il n’y a pas long à faire pour constater que le pouvoir d’achat n’augmente pas. Les gens sont unanimes pour indiquer que l’exonération de charges sur les heures supplémentaires seront contreproductives et n’apporteront aucun pouvoir d’achat supplémentaire… Les retraités font assez rarement d’heures supplémentaires… et les commerçant qui font faire des heures supplémentaires à leurs employés bossent eux-mêmes 15 heures par jour, ça les fait rigoler, et constatent surtout que si leurs employés font déjà des heures supplémentaires, ils ne gagneront qu’environ 20 euros de plus mois, autant dire : rien.
Voilà ! La gauche – si tant est qu’elle existe encore – aura beau jeu de démontrer l’inefficacité de la politique, sauf pour les plus riches… et ainsi que les arguments de campagne du candidat sont des affreux mensonges.
C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a engagé la campagne pour les municipales, hier soir, devant les maires de France, et s’est adressé à son électorat, en invitant chacun à « s'interroger sur la poursuite d'une grève qui a déjà coûté si cher aux usagers, qui n'ont pas à être pris en otage dans un conflit qui ne les concerne pas ». Voilà ! Le terme OTAGE est à nouveau prononcé.
N.B. : Certains lui répondront que « Non. Une prise d’otage, c’est si on t’enferme dans une cave, menotté au mur, cagoulé, et que régulièrement on vient te foutre un pistolet sur la nuque en te menaçant de te buter parce que ta famille ne paye pas. C’est ça, une prise d’otage. Là, il s’agit simplement d’une grève. » en ajoutant : « Il n’y a pas de piquet de grève devant chaque entreprise. Personne n’est empêché de travailler. Simplement il faut nous démerder tous seuls pour nous déplacer, sans les cheminots et les traminots. Au passage, la situation illustre l’absurdité totale de l’aménagement du territoire qui consiste à loger les travailleurs et travailleuses à l’est de Paris et à placer leurs entreprises à l’ouest. Si habitation et travail étaient plus harmonieusement organisés, les transports ne poseraient pas tant de problème. » Ils soulèvent d’ailleurs un vrai problème… l’aménagement ridicule du territoire.
Ainsi, Nicolas Sarkozy s’adresse directement à son électorat… Il ne dit pas à aux types de gauche : « votez pour nous, les autres sont des preneurs d’otage », il dit à ses fanatiques : « non, je n’ai pas changé ». Quoiqu'en disent les journalistes ce matin.
Car il ne peut pas perdre les municipales, moins d’un an après sa propre élection. Si la gauche les gagne, ça prouvera, quel que soit l’état du Parti Socialiste, que les électeurs considèrent la gauche comme meilleure gestionnaire que la droite (ce que je dis depuis toujours) ! Comme il a été élu depuis moins d’un an, ça ôtera toute légitimité au gouvernement pour faire les réformes prévues.
Mais il pourrait les perdre… Lors des dernières, la gauche a récupéré deux très grandes villes (Lyon et Paris), mais a perdu nombre de villes moyennes. Lyon et Paris seront très difficiles à récupérer et il est possible que d’autres villes basculent (on parle de Toulouse et de Bordeaux)… et fort probable que la gauche gagne au moins une partie des villes moyennes perdues.
Nicolas Sarkozy est ainsi à moitié coincé. Le choc de confiance qui devait avoir lieu n’a pas eu lieu, les transports sont bloqués et les Français ne s’opposent pas spécialement aux mouvements sociaux, même si l’opinion n’est pas acquise à la cause. Plus le gouvernement s’entête dans sa position « droit dans ses bottes », comme le pouvoir d’achat n’augmente pas, « l’opinion publique » se rend à la cause « la politique du gouvernement et mauvaise et nous appauvrit ».
Nicolas Sarkozy n’a donc plus le choix : il faut que le pouvoir d’achat des Français augmente avant les municipales. Ca ne va pas être facile… On rigolait hier avec le treizième mois exonéré de charges : tous les salariés n’ont pas de treizième mois (et ceux qui en ont sont probablement dans des grosses boites et donc profondément ancrés à gauche) et la mesure n’est pas possible avant les municipales. On parle du doublement de la prime pour l’emploi : ça va être difficile de faire le chèque avant mars et les gens ne sont pas dupes (la collectivité paye – donc les contribuables – parce que les entreprises ne le font pas assez).
Qu’est-ce qu’il va donc pouvoir inventer pour nous faire rigoler dans les blogs ?