33, chemin de la Baleine

Par Fibula
33, chemin de la Baleine, Myriam Beaudoin, Éditions Leméac, 2009
33, chemin de la Baleine est le troisième roman de Myriam Beaudoin, jeune auteure québécoise (née en 1976), et le deuxième qu'elle publie chez Leméac.
Elle nous transporte dans le Québec des années 50, alors que les femmes n'avaient pas droit à la même place que de nos jours, que la religion catholique était omniprésente dans la société québécoise, et alors que la folie, même la folie d'aimer trop, était prohibée, cachée, honteuse.
Certains y ont vu surtout un roman sur l'amour fou, j'y ai vu en premier un roman sur la non-communication, que ce soit dans le couple ou dans la famille, malgré le style épistolaire du livre.
Bon, je vous raconte l'histoire ou en tout cas, le synopsis, comme on dit en cinéma : en 1950, Éva vient de se marier avec Onil Lenoir. Elle est très jeune, vient de la campagne, est croyante et pratiquante, et a une famille nombreuse ; lui est plus âgé, écrivain célèbre, athée, sa famille n'est jamais évoquée. Il doit s'isoler pour écrire son prochain roman à succès... et part à l'Isle-aux-Coudres, sans sa femme. Elle l'attend, et lui écrit de longues lettres sans jamais recevoir de réponses ou presque.
Cette histoire dans l'histoire nous est révélée par la lecture de ces fameuses lettres, par un homme mystérieux qui rend visite à une certaine Éva dans un hôpital pour personnes âgées...
Vous me suivez toujours ?
Le roman se déroule donc à deux époques : une époque plus contemporaine, où nous suivons la rencontre de cette Éva, vieille femme qui semble ne plus avoir toute sa tête, et Jacques, un mystérieux visiteur qui semble connaître certaines choses sur le passé d'Éva, et les années 50, très bien reconstituées, qui revivent grâce à la lecture des lettres.
Le roman se met en place lentement, embarquer a été difficile au début. Les lettres me semblaient un peu mièvres et je me suis surprise à penser qu'Éva (jeune) était niaiseuse
Au fil de ma lecture (assez rapide finalement, le livre est assez court), on sent une évolution dans le style d'écriture d'Éva.
L'auteure amène de petits détails de façon très progressive dans le récit, qui nous permettent de placer toutes les pièces du puzzle.
Cette histoire d'amour tragique et déconcertante nous montre que les codes sociaux ne sont plus les mêmes aujourd'hui, et heureusement.
Un roman finalement intéressant et pas mauvais, mais inégal, et dont certains éléments étaient parfois difficiles à comprendre. Par exemple, quel est l'intérêt de la seconde intrigue entre Jacques et Solène, l'infirmière qui s'occupe de la vieille dame ? Cette histoire là est peu développée, et aurait probablement méritée soit plus d'attention, soit de ne pas exister.
Le livre mérite tout de même le détour pour découvrir une jeune auteure qui ne s'arrêtera probablement pas là, et pourquoi pas lire ces deux précédents romans : Un petit bruit sec, aux Éditions Triptyque, et Hadassa, aux Éditions Leméac...
Le site Internet de l'auteure Myriam Beaudoin
L'article dans Le Devoir