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Par Toréador | avril 7, 2010
Et s’il faut un centième, ce sera celui-là…
Hervé comme Vendetta
Cela aurait pu être un joli poi(s)son d’avril. Le centième du classement Wikio au menu de ce mois-ci est un sujet de choix : Hervé Torchet.
Disons-le tout net : Hervé Torchet était pour moi – jusqu’à ce soir – une énigme. Avant d’aller visiter son blog, je n’aurais jamais imaginé qu’il ait pu en posséder un, je veux dire « à lui en propre ».
Car la « marque de fabrique » de Torchet, c’est justement de se faire transparent, de théoriser sa propre disparition en tant qu’entité autonome, de s’effacer devant la Déesse qu’il sert jour & nuit : la belle, la jolie, la disgraciée Quitterie Delmas. Oui, rappelons-le : Saint-Bernard (l’ermite) fidèle, Saint Pierre exigeant, Saint Jean bouche d’or, Hervé Torchet est le fan international n°1 de Quitterie.
C’est de l’ordre du mystique. Postez n’importe quelle critique et il apparaît, comme par miracle, dans les commentaires.
Je verse une larme sur Quitterie ? Hervé Torchet apparaît et fait sa dithyrambe. Je n’appuie pas assez mon éloge ? Torchet est là pour en rajouter. Je parle des sicaires de Quitterie ? Hervé apparaît, se sent visé, et le dit. Je n’encense pas suffisamment Quitterie et me moque d’un des bisounours du Modem dans un de mes portraits ? Torchet joue zorro et repart à l’aventure, au galop, quand bien celui que je raillais se moquait lui-même d’Hervé (qui est encore célibataire) dans ses billets, en le qualifiant d’amoureux transi de la jolie Quitterie…
Rares en réalité sont les billets où Hervé est intervenu sans que l’objet de sa venue soit Quitterie. En réalité, il n’y en a qu’un : c’est ici. Je serai Monsieur Delmas, je serai un peu inquiet…
L’Ankou au sang triste
Le blog d’Hervé Torchet, lancé en janvier 2007, est lui aussi un OVNI. Tout d’abord, rares sont les blogs qui avec seulement 7 billets en 2010 – dont un qui nous permet de découvrir la bobine du taulier – parviennent dans le top 100 du Web. D’ailleurs, d’après ce que j’ai compris, Torchet n’aime guère ce hochet.
Torchet me fait penser à un doux-rêveur mélancolique, un humaniste lettré dans la force de l’âge (il est né en 64). Fils de franc-maçon socialiste mais lui-même Démocrate-chrétien, on l’ imagine vivre loin en province mais il réside en réalité à Paris, dans le XVIème (tout en restant sourcilleux cependant sur ses origines bretonnes). Il ne met pas tous ses revenus dans ses pulls mais l’habit ne fait pas le larron, et je dois le reconnaître : ce n’est pas la moitié d’un imbécile.
Rappelons pour la forme que Torchet n’a pas toujours été cet anachorète webique, et qu’il a occupé des fonctions politiques par le passé, en étant adjoint à la mairie de Paris (élu du XVIème arrondissement) entre 1995 et 2001. Il se passionne encore pour un obscur projet, celui du Stade Jean Bouin.
Hervé est issu d’une famille parisienne (Boulogne Billancourt) et a vécu personnellement les dessous de la politique des années 80-90. Il a ainsi commencé sa vie politique comme délégué général national des jeunes centristes (JDS) lors de la pré-campagne de Raymond Barre pour l’élection présidentielle de 1988. On notera ainsi en marge de ses billets quelques anecdotes piquantes, comme par exemple les raisons pour lesquelles Giscard et Bayrou se sont brouillés.
Pour tout vous dire, l’homme est complexe. Comment pourrait-il en être autrement : un homme qui écrit un livre en 4 parties sur la réforme des Fouages de 1426 dans le diocèse de Leon (aujourd’hui disparu) a forcément du temps, de la patience et quelque chose à dire.
En lisant un billet d’Hervé Torchet, on pourrait se dire que c’est du second degré, et que son prochain livre portera sur les chevaliers-paysans au lac de Paladru. Il n’en est rien. D’ailleurs, en 2005, il avait publié un ouvrage sur « Réformer l’ancien régime au bout de la Bretagne », en réalité une compilation des rapports adressés de 1783 à 1792 au dernier baron de Pont-l’Abbé par ses deux gestionnaires sur place. Comme je ne lui sens pas de travail à plein temps, je l’imagine vivant dans une petite maison bourgeoise un peu décatie, avec un jardin, vivant de ses rentes...
Quand le Torchet brûle
Ce qui est étrange, c’est que ce mélancolique peut subitement verser au cours d’un billet dans de la bile de poissonnier, par exemple lorsqu’il écrit » Les soldats US envoyés là-bas [en Haïti] sont blancs, bien blancs, caricaturalement blancs, pour que l’on sache bien qui est le maître. Obama se fait là le valet de la domination raciale, le principe de la domination blanche américaine a déjà été organisé en Haïti par les démocrates américains dans les années 1910. »
C’est, je crois, profondément simplificateur.
Torchet est en fait un inclassable, qui me fait penser à l’Insolent : titulaire d’une maîtrise de DEA en droit public interne, il s’est reconverti en historien-romancier. Doté d’un esprit sinon scientifique du moins méthodique, Torchet est un perfectionniste, un maniaque du détail, comme le démontrent ses billets qui sont toujours d’une très grande précision (à défaut d’être drôles ou originaux). Torchet a un esprit méthodique, compilateur, voire obsessionnel. C’est en cela que l’image du saint-Bernard lui va si bien : il revient toujours méthodiquement, sans jamais se décourager, et creuse vaillamment la neige.
Lisez donc ce billet H.T, et passez en TTC (Tout Torchet Compris) sur son blog !
Tags: Hervé Torchet, Quitterie-DelmasSujets: Banderille, Toréador critique littéraire et médiatique | No Comments »