« Lait noir » est un récit particulièrement original qui mélange les genres entre le roman, l’autobiographie, l’essai, la fiction et la comédie. Le ton alterne également en permanence entre légèreté et gravité.
L’auteure nous plonge dans la dépression post-partum qu’elle a traversée après la naissance de sa fille et nous livre ses réflexions à travers le dialogue entre ses « voix intérieures » : Miss Cynique Intelllo, Miss Ego Ambition, Miss Intelligence Pratique, Dame Derviche, Maman Gateau ou encore Miss Satin Volupté. Ces six créatures sont autant de caricatures des femmes d’aujourd’hui, chacune recouvrant l’une des multiples facettes de la femme moderne.
Elif Shafak se livre à un questionnement sur la complexité de la féminité à l’heure où les femmes, désormais libérées et actives, doivent mener un nouveau combat pour concilier leurs carrières et leurs envies de maternité. A travers les références littéraires qu’elle utilise, elle nous livre également une petite anthologie des femmes écrivains engagées pour les causes féministes.
Il s’agit donc d’un récit érudit et intéressant. Pour ma part, je regrette l’absence de personnages autres que les voix intérieures de l’auteure et les femmes écrivains citées en référence. A mon sens, l’abstraction trop marquée du père de l’enfant et de l’entourage, famille ou amis, occulte des éléments essentiels de la guérison et de la sortie de dépression.