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Shincha, thés primeurs 2010, et mauvais présages

Par Florentw
Comme je l'ai évoqué précédemment, les premiers shincha 新茶, thés nouveaux commencent à faire leur apparition au Japon depuis fin mars.
Toute l'industrie est sur le pied de guerre pour ramener des marchés au thé de Kagoshima puis surtout de Shizuoka les thés, les sencha, qui orneront les étales pour l'année théïque 2010-2011. 
Shincha est tout simplement un terme marketing qui ne désigne rien d'autre que les thés issues de la première récolte, ichiban-cha 一番茶,  qui constitueront tout au long de l'année le gros des produits vendus en boutiques spécialisées, même si ces même produits ne seront plus vendus sous le nom de "shincha", de "thé nouveau" des le début de l'été. Il y a cependant à cela une intéressante nuance à apporter, j'en reparlerai dans un billet prochain.
A l'heure actuel (fin mars - début avril) ne sont disponibles seulement les thés très hâtifs en provenance des l'îles de Tanegashima 種子島 et de Yakushima 屋久島, au large de Kagoshima. Avec un climat très chaud, on y trouve un environnement idéal pour les variétés super hâtives Kuritawase et Shôju 松寿 (cette dernière étant actuellement le plus hâtif des cultivars de thé japonais). 
D'ici une semaine (deuxième semaine d'avril), on devrait commencer à voir arriver en provenance de Kagoshima les variétés normalement hâtives, plus répandues, comme Yutaka-midori ou Sae-midori.
Fin avril voit l'arrivée des thés venant du reste de Kyûshû (d'abord Miyazaki pur finir avec Yame 八女, Fukuoka) et des régions de plaine de Shizuoka (Makinohara 牧之原, etc).
Début mai, c'est le tour de Mie et des régions montagneuses de Shizuoka (Kawane 川根, Tenryû 天竜 Honyama 本山), ensuite, ce sera Uji (Kyôto), et enfin Sayama 狭山 (Saitama).
Enfin, mi-mai, alors qu'à Kagoshima on s'apprête pour la deuxième récolte, le thé nouveau pointera son nez à Murakami 村上 (Niigata).
Bien évidement, tout cela est approximatif, sujet aux caprices de la météo. Et justement, les caprices de la méteo n'augurent rien de bon pour cette année.En effet, suite à un hiver particulièrement, il a continué et continue encore à faire très froid au Japon cette année. Les théiers ont subi le givre. Ainsi, les récoltes de l'île principale Honshû, en particulier à Shizuoka (40% de la production nationale, rappelons-le) et plus au nord, risques d'être fort mauvaises. La rudesse du climat à rendu inefficace dans de nombreux endroits les habituels moyens pour en protéger les arbres à thé. Ce qui arrive dans les pires des cas, c'est que les jeunes pousses tombent très vite. On doit ainsi récolté un peu plus tard les pousses qui arrivent ensuite, on parle alors de "première récolte et demie" icchahan 一茶半, de qualité forcement inférieure.
Néanmoins, les thés de zones montagneuses devrait être épargnés.
Si Kagoshima fut également épargné par la rudesse inhabituelle du climat, cette importante région productrice (la deuxième, plus de 20%) ne le fut pas par les éruptions continuelles du volcan Sakura-jima, qui ne cesse depuis des mois de cracher de la cendre. Cendre très fine qui se dépose sur les feuilles, qui ne peuvent, une fois cueillies être transformé en thé comme ça. Il est nécessaire avant de les étuver de les nettoyer. Pour ce faire, il existe à Kagoshima des sortes de grandes machines à laver et à essorer les feuilles de thé. Mais il est évident que ce traitement, non seulement retarde le moment où l'on étuve les feuilles pour en stopper l'oxydation, mais aussi abîme les délicates feuilles.
Il est encore trop tôt pour se prononcer, mais l'optimisme n'est pas de mise. Je suis néanmoins certain qu'il ressortira de très bons produits, mais il est aussi certain que les prix sur les marchés vont grimper.
Bien heureux les théiers des petites îles de Tanegashima et Yakushima, élevés dans un climat idéal, et suffisamment éloignées du facétieux volcan.
Mes prochains billets auront bien sûr pour thème le thé japonais primeur.

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