Je reste à quai, attends d'autres trains qui ne viennent pas, avec moi le sans-visage d'hier me dévisage.
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Plusieurs semaines bientôt que la lecture dégoûte. La vue du livre agresse. Je l'emporte le matin par habitude, l'ouvre le matin par habitude, l'ouvre encore le soir, fatigué, par habitude encore. Les livres eux-mêmes sont peut-être concernés, les Pigmy, Études de silhouettes, Saphir Antalgos, J'ai tué, Mannish Boy ou Des aveugles, mais c'est l'oeil qui vaque. J'ai ouvert hier soir, repris ce matin, le fameux Journal de Valery Larbaud comme remède possible à la nécrose du livre. Lire en bloc pendant des mois la vie des autres, voilà encore ce qui pourrait manquer. Sinon rester encore à quai pendant que devant soi les pages se tournent (mais sans moi).