Les donneurs d’ordres fabriquent le desordre

Il semble que la question des liens entre grands groupes industriels en France (Thales, EADS, Dassault etc…) – les Donneurs d’Ordre – et sous-traitants (notamment dans le domaine électronique, Eolane,Cofidur, Asteel etc…) soit d’actualité en politique ces derniers jours.
Tout ceux qui ont eu l’occasion de travailler chez les sous-traitants ont connu les affres des négociations annuelles qui mettent en place le marché et la stratégie pour le futur de leur entreprise. D’une maniére générale,et pour faire court, les donneurs d’ordre demandent de façon récurrente à leurs sous-traitants de faire mieux (en terme de prix) tout en ne garantissant jamais des volumes en croissance.
Il faut garder à l’esprit que la tendance de ces vingt dernières années a été pour les grands groupes de devenir « fabless ». Un donneur d’ordres sans usines (à l’exception notable de Nokia en Europe), voilà le rêve enfin réalisé qui permet de faire supporter à d’autres les aléas économiques. Ce phénoméne est directement lié à la financiarisation de l’économie.
Aujourd’hui, certains sous-traitants ont atteint une taille plus importante que celle de leur client. Des entreprises comme HonHai ou Flextronics, emploient plus d’employés que Thales ou Sony Ericsson. Leur parc industriel se compte en milllions de mètres carrés. La concentration industrielle est à la mode chez les sous-traitants. En tout état de cause, ces derniers, sous prétexte d’atteindre cette « taille critique » soit-disant nécessaire à conserver leur compétitivité, rêvent dans un même élan d’avoir le même impact lors de leurs négociations annuelles sur leur propres sous-traitants de deuxième rang (mécanique et plasturgie, dans l’exemple de la sous-traitance électronique).
L’idée est simple : faire supporter au « plus petit » la contraction de la demande en temps de crise !
Le résultat va de soi : obligation est faite au PME de tenir ferme sur une politique de salariat précaire, de baisse des coûts et de flexibilité accrûe.
Le Donneur d’Ordres fabrique du désordre chez son sous-traitant tout en lui demandant plus de qualité, de réactivité.
Quand aujourd’hui des entreprises comme Renault ou Peugeot s’en sortent, quid de leur sous-traitants ?
Les donneurs d’ordres ont-ils leur droit de s’exonérer de leur devoir civique ?
L’extériorisation de services de plus en plus nombreux (R&D, RH, comptabilité) est une tendance lourde.
Monsieur Sarkozy a demandé que se rencontrent grands groupes et sous-traitants afin , j’imagine, d’établir une charte de bonne conduite….
Mais gardons à l’esprit que ce même gouvernement se gargarise du « succés » de la mise en place de l’auto-entrepreuneuriat.
Pourtant, l’auto-entrepreneur est la quintessence du principe de sous-traitance !
Méfions nous de ce double langage.