«Le départ de Cavada prouve que Sarkozy veut empêcher la création d’un parti démocrate»
François Bayrou et Marielle de Sarnez en avril. Reuters. Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem. Recueilli par CHRISTOPHE FORCARI - http://www.liberation.fr/ QUOTIDIEN : mardi 27 novembre 2007
A moins d’une semaine du congrès qui va porter sur les fonts baptismaux le Modem, le parti de François Bayrou enregistre la défection d’une de ses figures de poids, l’ex-présentateur de télévision Jean-Marie Cavada. Il conduira la liste de l’UMP dans le XIIe arrondissement de Paris. Pas question pour autant de changer de cap pour Marielle de Sarnez, chef du Modem dans la capitale et bras droit de Bayrou.
Avec le départ de Jean-Marie Cavada, Bayrou ne se retrouve-t-il pas de plus en plus seul ?
Détrompez -vous. Le congrès fondateur, qui se tiendra samedi et dimanche à Villepinte [Seine-Saint-Denis, ndlr], avec plusieurs milliers d’adhérents, démontrera exactement le contraire. Le départ de Jean-Marie Cavada prouve simplement que Nicolas Sarkozy et l’UMP sont déterminés à tout faire pour empêcher la création d’un grand parti démocrate, libre et indépendant. Plus que jamais, notre pays a besoin de sortir d’une bipolarisation stérile qui ne règle aucun des problèmes de fond auquel notre pays est confronté.
Cavada reproche au Modem d’être davantage le parti de François Bayrou qu’une formation démocrate ?
François Bayrou a fait près de 20 % des voix à l’élection présidentielle. C’est une chance pour le Modem. Dans nos rangs, le débat est libre. La meilleure preuve, c’est que Jean-Marie Cavada a pu y participer, dans toutes nos instances, sans jamais avoir été membre et adhérent du Modem. Il est donc bien placé pour savoir qu’en prenant la décision de conduire la liste UMP, il se désolidarise de notre stratégie d’indépendance. Pour rédiger les statuts de ce nouveau parti, nous avons pris en compte des centaines de contributions adressées par nos adhérents, nous avons entendu toutes leurs demandes. Pour la première fois, les statuts d’une formation politique vont être largement rédigés par les militants. Je ne crois pas que cela se passe ainsi à l’UMP ou au PS.
Allez-vous présenter une liste contre lui et l’exclure ?
Nous allons présenter une liste Modem dans le XIIe comme dans tous les autres arrondissements de Paris. A la différence de la droite parisienne, nos listes seront composées de femmes et d’hommes implantés dans les arrondissements, proches des habitants, à même de comprendre leurs attentes et leurs préoccupations. Je refuse l’idée même de parachutage. Je veux des élus de terrains, capables de dépasser les clivages partisans et politiciens. Qui seront là pour servir les parisiens et non pour se servir de Paris. Jean-Marie Cavada a rejoint l’UMP et se fait le chantre de la vieille alliance UDF-RPR. Il se trompe. Ce que les Parisiens attendent, ce n’est pas un éternel remake, c’est un profond renouvellement des équipes et de la vie politique parisienne. Une dernière précision : on ne peut pas exclure quelqu’un qui n’est pas adhérent.
Ce départ et les critiques qui pointent vont-ils vous conduire à modifier votre stratégie ?
En aucun cas. L’époque où nous étions des supplétifs est révolue. Le Modem sera demain la force de renouvellement dont la vie politique a besoin. A Paris encore plus qu’ailleurs.