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Figures de l'étranger autour de la Méditerranée antique.

Publié le 06 avril 2010 par Artemisia72

Il semble qu'aujourd'hui il devienne de plus en plus difficile d'accepter,de comprendre l'Autre, celui qui ne partage ni vos codes vestimentaires ou autres, ni votre culture... Sommés de s'assimiler - c'est-à-dire de disparaître en tant que tels, ou de partir, les étrangers ne sont pas les bienvenus dans une société qui vit la crise dans l'angoisse et le repli sur soi.

L'on pourrait être tenté de se dire que nos anciens, Grecs et latins, étaient plus ouverts et plus généreux...

Hélas ! le très beau livre collectif publié sous la direction de Patrick Voisin aux éditions de L'Harmattan, Figures de l'étranger autour de la Méditerranée antique, a tôt fait de nous ôter nos illusions.

Chez les Grecs aussi, l'étranger, c'était l'intrus, ridicule par sa tenue et son accent, inquiétant dans son étrangeté, et malheur à lui si, en plus, c'était une femme ! La pauvre Néaira en a fait la cruelle expérience... après 25 ans de vie conjugale à Athènes, un procès la menaçait non seulement d'être expulsée, mais même vendue comme esclave, châtiment réservé à ceux qui avaient usurpé la citoyenneté athénienne !

Les Romains furent un peu plus accueillants, surtout lorsque l'Empire prit les proportions de l'oikoumène. Ils accordaient assez généreusement la citoyenneté romaine... ce qui ne les empêchait pas de regarder avec méfiance tout ce qui n'était pas Romain de souche : Gaulois, Germains, Grecs bien sûr, et, aux confins de l'Empire, Gétules...

La xénophobie semble donc bien, hélas, enracinée dans la nature humaine. Et pourtant le livre nous fait découvrir, ou redécouvrir, des hommes plus généreux et plus curieux, attirés par l'étranger et lui rendant justice : Hérodote, le "philobarbaros", ou Plaute, dessinant une attachante figure de Carthaginois (ce qui, peu après les guerres puniques, était méritoire ; Lucien, Syrien hellénisé et fier de l'être, ou Apulée, qui se disait numido-gétule, helléniste et grand écrivain latin ; ou encore Ovide, faisant lui-même l'expérience de l'exil et de l'altérité, et finissant par apprendre la langue des Gètes...

Un bien beau livre, vraiment. Et d'actualité...


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