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Bad Lieutenant : loi, ordre et subversion du désir à la Nouvelle Orléans

Par Cdsonline

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Extérieur nuit, un plan d’eau, la tête d’un serpent fend l’image par le bas, sa nage louvoyante captive l’œil, louvoyant dans l’onde avec grâce, il se faufile entre les barreaux d’une prison semi-inondée… Le décor est “planté” (si l’on peut dire!) nous voici immergés de “l’autre-côté“, dans une faille du monde, fracture constitutive du sujet humain, un film visiblement inspiré vient de commencer…

Le Bad lieutenant de Werner Herzog n’est pas celui d’Abel Ferrara — et il n’a rien à lui envier, loin s’en faut ! Situé à la Nouvelle Orléans, juste après que l’ouragan Katrina ait brouillé les limites convenues entre nature et culture, le film prend savamment en charge l’inconscient du spectateur, le faisant passer par les arcanes tourmentées du désir (de l’Autre), jusqu’à en explorer les impasses les plus sombres, celles du sujet humain clivé, définitivement barré, irréconciliable avec lui-même… quel talent!

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Un talent confinant au génie que l’on peut “sentir” tout autant dans la maîtrise narrative et la “substance” des images. Herzog dans des coups d’audace vainqueurs, n’hésite pas à placer sa caméra à la hauteur de “l’alligator qui reste” (le monde “flou” pré-ontologique) et transformer un plan subjectif (”Il n’y a pas d’iguane ici!“) en un plan objectif aussi saisissant que réjouissant, transcendé par l’extravagant chant des “iguanes crooners” ayant piégé le désir du spectateur… Tout en faisant valoir toujours, autant que possible, l’absolue prégnance du signifiant sur tous les signifiés possibles (”Je vous tuerai tous à l’aube naissante!“) suivi d’un immense éclat de rire redoublé… et partagé!

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Bravo. Là on pourrait vraiment dire“Chapeau l’artiste!” À des années-lumière des semi-débilités faussement socio-psychologisantes du cinéma français, et comme pour répondre par l’image au répugnant marigot intellectuel inlassablement servi par les médiocres représentants du divertissement culturel à prétention philosophique française , un vrai film de cinéma, une œuvre d’art, comme un salutaire manifeste Freudo-Lacanien, pour ouvrir l’appétit de l’imagination… la création… par delà le bien…  =)

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