« - Mais dis-moi, Catherine, où est ton adorable petit chien ? […]
- Polly est mort, lâcha Catherine. Ecrasé comme une crêpe avenue Montaigne alors que je sortais de chez Dior. Il n’était plus tout jeune, mais ça m’a quand même fait quelque chose.
Et comme si elle avait besoin de montrer que malgré tout la vie continuait, elle présenta Lucas :
- Mais je suis venue avec mon petit-fils.
- Avec ton petit-fils ? Et peut-on savoir depuis quand tu as un petit fils ?
- Depuis que je n’ai plus de chien, rétorqua-t-elle du tac au tac. »
(p. 96-97).
Chouquette, c’est Catherine, la soixantaine liftée, en vacances dans sa luxueuse villa de Saint-Tropez, où elle attend désespérément son mari qui la trompe au vu et au su de toute la capitale, pendant que la crise financière fait ses premières victimes. Et Lucas, son petit-fils de cinq ans, n’était pas exactement prévu au programme. Mais la varicelle l’a fait quitter précipitamment sa colonie du Lavandou, et, le temps que ses parents rentrent du Congo où ils sont en mission humanitaire, c’est Chouquette qui le garde. Du moins, essaie de le garder.
Ce roman propose une galerie de personnages détonants et attachants, pleins de leurs faiblesses que les circonstances vont forcer à révéler. On passe de la soirée Durex à Kinshasa avec délices, et du futile et du clinquant surgissent le profond, les réflexions sur ce qu’on laisse et ce qu’on transmet.
La plume d’Emilie Frèche, fondatrice des Editions du Moteur dont j’ai déjà parlé avec Bernard, est diablement bien maitrisée ; les dialogues sont finement ciselés et souvent tordants. « Chouquette » est une de mes belles découvertes de ces premiers mois de 2010.