En fin de semaine, Luc Chatel et Brice Hortefeux organisent les fameux «états généraux de la sécurité à l'école», une opération médiatique qui fait suite aux meurtres et autres violences qui ont frappé certains établissements scolaires en début d'année. On imagine le gouvernement plancher sur de nouvelles lois. Une de ses dernières productions, législative la loi sur les bandes violentes, est entrée en application il y a un peu plus d'un mois, et déjà une bavure.
Violence scolaire, ... ou économie de fonctionnaires ?
Le gouvernement n'échappe à la contradiction de sa politique éducative : d'un côté, il réduit les effetifs d'enseignants et d'encadrement (plus de 40 000 postes en 3 ans); de l'autre, il ne sait comment répondre aux dérapages de violence que subissent des établissements en zones difficiles. Pour ces états généraux, Luc Chatel a défini neuf thèmes de réflexion pour les ateliers : «Mesure de la violence», «L'élève : auteur, victime de la violence», «La prévention des discriminations», «L'enseignement, la classe et l'autorité», «La formation à la prévention de la violence», «La judiciarisation et les droits des victimes», «L'établissement face à la violence, les conditions de la mobilisation», «Les règles du vivre-ensemble» et enfin : «Quels partenariats locaux?». Le chercheur Eric Debarbieux, qui préside le conseil scientifique chargé de ces états généraux ne croit pas à une augmentation globale de la violence en milieu scolaire, mais plutôt à une concentration des difficultés dans «5 à 10% des établissements, situés dans des zones défavorisées». Dans une tribune publiée dans le Monde, Debarbieux souligne la dimension sociale du problème: « il reste vrai que la sociologie de la violence à l'école reste en partie une sociologie de l'exclusion sociale.»
Notre confrère Mathieu, prof et blogueur, précisait, en février dernier : « ces violences graves sont-elles fréquentes ? La réponse est non. Comme dans le reste de la société, elles surviennent de temps en temps, peut-être un peu plus dans les lycées parce que s'y concentrent des adolescents mal dans leurs peaux et qui ont une tendance à exprimer ce malaise par la violence, mais aussi par d'autres biais, comme la dépression, la drogue, le renfermement sur soi, mais aussi des moyens beaucoup plus légers heureusement.»
Depuis septembre, la police et la gendarmerie ont mis en place le programme de «Sanctuarisation globale de l'espace scolaire» (Sage). Il s'agissait d'afficher une présence de gendarmes dans 184 établissements en France (172 en zones de police, 12 en zone de gendarmerie), comme celui de Bischwiller, en Alsace : «des patrouilles conjointes de gendarmes et de policiers municipaux sont organisées quasiment tous les jours aux abords de cet établissement de 450 élèves qui, sans être classé sensible, bénéficie depuis 2008 d'un plan de prévention de la violence.» Les noms des établissements concernés n'ont pas été divulgués, afin de «ne pas les stigmatiser». Vu les violences constatées au début de l'année, le dispositif n'est globalement pas concluant. Le 11 mars, Brice Hortefeux avouait : «Il y a globalement une baisse d'un certain nombre de formes de délinquance, par exemple une baisse du racket, très sensible, une baisse des agressions à l'égard des personnels enseignants et administratifs, et puis une réalité, c'est une évolution réelle à la hausse des agressions entre élèves». Comment alors justifier la réduction de l'encadrement adulte ?
Bandes violentes ... ou simples manifestants ?
Autre sujet, la loi sur les bandes. L'un des derniers gadgets sarkozyens, la loi sur les bandes violentes, a été promulguée le 2 mars 2010. Grâce à elle, samedi dernier, la police a arrêté onze jeunes gens, interpellés dans le RER les menant au quartier de la Défense. Ils étaient armés de barres, de cutters et de béquilles. Selon la police, ils allaient en découdre avec une bande rivale. Ils ont tous été placés en garde à vue pour « participation à un groupement violent » Six d'entre eux ont été déférés au parquet de Versailles. On pourrait se réjouir. La semaine dernière, les attaques contre deux bus à Tremblay-en-France n'avaient pu être évitées, malgré la dite loi. Manqueraient-on de moyens de police ? De 2008 à 2012, Nicolas Sarkozy aura détruit autant de postes de policiers et gendarmes qu'il n'en aura créé de 2002 à 2007. Bravo !
Cette loi sur les bandes a fait d'autres victimes, a priori innocentes celles-là. Grâce à elle, la police a en effet pu arrêter une centaine de manifestants dimanche 28 mars aux abords de la prison de la Santé, dans le XIVe arrondissement. Le site Arrêt sur Image, relayé par Rue89, a rapporté cette troublante affaire. La loi sur les bandes vise-t-elle aussi à restreindre le droit de manifester ?
Les 110 personnes interpellées participaient à une manifestation anti-carcérale, autorisée par la préfecture de police. Aucun heurt ni violence n'avait été noté par les forces de police. La préfecture a par la suite précisé qu'une "une fusée de détresse marine a été tirée par un manifestant vers la vitre d'un appartement, et d'autres avaient enfilé des cagoules". D'après un manifestant, le tir n'était pas intentionnellement dirigé vers l'immeuble. La disproportion entre le prétexte retenu et l'ampleur des arrestations est manifeste. Selon des témoignages, l'interpellation massive semblait préméditée. Une soixantaine de personnes, sur la centaines, ont été ensuite placées en garde à vue pendant 24 heures, photographiées et interrogées. Un exercice de fichage collectif, rien de moins.
La loi autorise ces arrestations préventives: « Art. 222-14-2. - Le fait pour une personne de participer sciemment à un groupement, même formé de façon temporaire, en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, de violences volontaires contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende. »
Rumeurs... ou manipulations ?
L'implication des services de renseignements dans une affaire privée impliquant le président français tourne au ridicule, au règlement de comptes au coeur de la Sarkofrance. La Société des journalistes du Journal du Dimanche n'a pas apprécié les propos menaçants du conseiller présidentiel Pierre Charon. Ce dernier justifiait le week-end dernier l'ampleur de la riposte élyséenne à la simple rumeur d'infidélités conjugales concernant Carla Bruni et Nicolas Sarkozy. Autre soupçon, le Canard Enchaîné faisait l'état de l'implication supposée de Rachida Dati dans la propagation, voire l'origine, des dites rumeurs. Et ce week-end, le JDD - toujours lui - en a rajouté une couche, en révélant que l'Elysée aurait demandé aux services de renseignements d'enquêter sur Mme Dati. On croit rêver... Lundi, un ancien ministre de Chirac est venu au secours de l'ex-Garde des Sceaux. Le président de SOS Racisme est aussi intervenu en soutien, voyant dans ces attaques contre Mme Dati une éventuelle manifestation de racisme.
Dimanche soir, Rachida Dati a nié toute implication: elle «proteste avec indignation contre les allégations de certains organes de presse lui prêtant une quelconque responsabilité dans la propagation de rumeurs absurdes et inadmissibles sur la vie privée du couple présidentiel». Au final, il semblerait que nous assistions, médusés ou amusés, à une nouvelle lutte de clans. La Firme, surnom donné au quarteron de proches de Nicolas Sarkozy revenu dans les coulisses de l'Elysée depuis le départ de Cécilia Sarkozy (Pierre Charon, Frédéric Lefebvre, Brice Hortefeux, Patrick Buisson), contre Rachida Dati.
La "firme" prépare l'élection de 2012, et certains gêneurs, qu'ils soient incompétents (Rachida Dati), inutiles (Catherine Pégard) ou impopulaires (Xavier Darcos) doivent être évacués.
Ami sarkozyste, où es-tu ?
Sarkozy, hortefeux et la sécurité...
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