Ces immeubles, ces appartements n'étaient pas insalubres et souvent grands et fonctionnels. Au pire la conception urbanistique visant à les couper de toute circulation pour imposer les déplacements pédestres les avaient-ils mis en situation d'enfermements. Mais ça c'est le problème des urbanistes qui voient les logements du dehors et ne les habitent pas, il leur faut une idée gadget pour impressionner l'élu. Aujourd'hui c'est de mettre de la verdure dans une ZUP qui, contrairement aux idées reçues, en comporte beaucoup.
En s'enfermant dans cette pratique et épaulée d'aussi brillants conseillers, la politique de la ville s'est fourvoyée et ne réussit toujours pas. D'ailleurs qu'est devenue Fadela Amara ?. Le problème des cités réside dans la situation sociale de leurs habitants. Dans un élan unanime qui réunit préfecture, bailleurs sociaux et parfois même collectivités on installe là ceux qui ne peuvent refuser et l'on crée des ghettos. Et pourtant ils se battent ces habitants, contre la fatalité d'abord pour en sortir aussi et ils font preuve d'imagination de solidarité et d'espoir. Et quand ils franchissent un cap social ils restent majoritairement dans la ville parce qu'il y trouve un lien et un soutien social qu'ils ne sont pas sûr d'avoir ailleurs. Car ces habitants des quartiers avec ou sans papiers sont une composante de la classe ouvrière émiettée d'aujourd'hui. Chômeurs, travailleurs occasionnels, précaires ils sont néanmoins les acteurs potentiels du peuple de gauche. Ceux que l'on n'entend pas et qui ne votent plus. Ceux que les derniers militants des quartiers continuent à rattacher à une vie sociale et collective. Ceux à qui la gauche a le devoir de parler en allant sur place, sur leur terrain pour les entendre et construire avec eux des propositions proches de leurs soucis sans leur parler d'impôts que dans leur grande majorité ils ne paient pas faute de revenus suffisants. A l'heure où s'ébauche , nous dit-on, le programme de la reconquête il faut leur consacrer des heures, en direct ; sinon ce sera trop court et ils ne seront pas au rendez vous.
Philippe Dibilio