Claude Allègre continue à
Lors d’un précédent article, nous avions souligné la difficulté, pour les non-spécialistes du climat que nous sommes en très grande majorité, de prendre parti dans ce débat d’initiés. Cependant, les réactions quasi-unanimes de la communauté scientifique par rapport aux déclarations de Claude Allègre et au contenu de son ouvrage ne semblent guère laisser de doute : Claude Allègre multiplie dans les média les déclarations fracassantes (les experts du GIEC sont des « escrocs », des « mafieux » au service d’une institution « totalitaire ») comme il a multiplié dans son livre approximations, erreurs flagrantes, contre-vérités et même, ce qui remet en cause son honnêteté, données scientifiques truquées.
Une analyse raisonnable du cas Allègre devrait donc amener tout un chacun à rapidement le ranger dans la catégorie des vendeurs d’imposture, sans se laisser aller à fantasmer que, seul contre tous, il pourrait bien être le Galilée des temps modernes.
Et pourtant, l’exposition médiatique de Claude Allègre apparaît phénoménale au regard de la faiblesse de ses arguments. On ne le considère pas forcément comme farfelu. Son livre se vend comme des petits pains (120 000 exemplaires).
Pourquoi ?
Une première explication assez évidente vient à l’esprit
Et comme les responsables politiques se font bien discrets sur le climat depuis l’échec de Copenhague et que Sarkozy vient d’enterrer la taxe carbone, le public se dira que, finalement, Allègre doit bien avoir un peu raison.
Et puis, il y a peut être aussi un autre ressort, d’ordre psychologique.
Le mode de fonctionnement du GIEC est assez particulier, dans la mesure où l’on peut constater une certaine confusion entre la neutralité du travail scientifique, l’engagement militant contre le changement climatique, et les arbitrages politiques des décideurs internationaux. Peut être que, dans l’esprit de beaucoup de gens, se profile plus ou moins consciemment l’idée que le GIEC serait l’émanation d’un super pouvoir écologique international, qui déciderait à la place du peuple de ce qu’il faut faire (et surtout ne pas faire). Après la mondialisation qui nous fait perdre nos emplois, l’écologie qui nous empêche d’utiliser notre voiture, qui nous taxe et nous culpabilise.
Dans ce contexte, l’appel des 400 scientifiques à Valérie Pécresse semble se tromper de cible, et renforcer encore davantage la confusion autour de la nécessaire séparation entre science et pouvoir.