Jónsi
Go
XL Recordings
Islande
Note : 7.5/10
Connu pour sa voix magique et ses prouesses musicales comme chanteur et guitariste de Sigur Rós, Jónsi lance son premier album solo en s’attaquant à la pop atmosphérique, au post-rock et à l’électronique avec une verve assumée et un goût pour l’excentricité. Si l’héritage de son groupe s’entend sur la plupart des chansons, l’Islandais de 34 ans mérite une mention pour son talent créatif sur certaines pistes originales merveilleusement bien ficelées.
Tout débute avec l’extrait Go Do (dont l’ahurissant vidéoclip circule depuis un bout de temps déjà), dirigé par un kick drum massif frappant chaque temps ainsi qu’une mélodie légère de flûte. Le mélange peut paraître insolite, et il l’est. La voix de Jónsi se superpose à cet arrangement éclectique grimpant au ciel et se posant sur un nuage. Similarités rythmiques sur Boy Lilikoi, où l’instrument à vent laisse sa place à une guitare arrangée par ordinateur. Dans les deux cas, la somme des instruments est ponctuée d’ajouts de cordes, de sons électroniques festifs et flottants comme des confettis entre les passages musicaux plus agressifs. La créativité du musicien transpire de tous les côtés tant la concoction, pourtant étrange sur papier, apparaît nécessaire une fois dans nos oreilles.
Dans le même esprit printanier s’inscrivent Animal Arithmatic et Around Us, deux morceaux construits autour de frénétiques percussions artificielles ou non. Le premier pourrait presque donner une crise de nerf tant les tambours sont envahissants et omniprésents au-dessous de la voix saccadée du chanteur. Le second constitue presque une marche militaire, avec son tambour régimentaire honorable et la voix écho de Jónsi. Encore une fois le résultat surprend et donne le goût de célébrer le retour des oiseaux, des fleurs et d’autres éléments clés de cette période de l’année.
Pour le reste du disque, on pige surtout les inspirations dans le registre de Sigur Ros. Tornado démarre sur un tourbillon de piano qui n’est pas sans rappeler Pyramid Song de Radiohead avant d’intégrer des charges de cymbales et de tambours dans son crescendo ascendant jusqu’aux nuages. Même son de cloche du côté de Sinking Frienship où les violons, le piano, la voix et autres ajouts, quoique sublimes et bien arrangés grâce à l’apport de Nico Muhly (Grizzly Bear, Bonnie ‘Prince’ Billy), ne se démarquent pas vraiment du reste.
Fait à noter : les paroles sont chantées majoritairement en anglais. Sur Kolniður, par contre, la langue natale du musicien nous est dictée en plein visage sur fond mi-doux, mi-profond. Hengilas, qui termine l’album, est aussi racontée en islandais. Il faut avouer que Jónsi paraît fortement plus noble lorsqu’il utilise cette langue pour nous narrer une trame musicale tant celle-ci est peu commune. Mais on lui pardonne son choix, définitivement pop, puisque Go rime parfaitement avec l’atmosphère du moment.