Bonjour Amandine, peux-tu nous résumer ton parcours de jeune artiste ?
J’ai tout d’abord fait de longues années d’études à l’université, tout en me consacrant occasionnellement à la réalisation d’affiches de concert pour le groupe dans lequel je chantais faux.
C’est par ce biais-là que j’ai commencé à développer mon univers graphique, peuplé de petits personnages qui devaient au départ ressembler à de ridicules poupées de doigts dénuées d’orifices.
Au fil du temps — et des événements, après avoir reçu quelques encouragements chaleureux, j’en suis venue à me consacrer plus sérieusement au dessin. Les petites poupées que je gribouillais au départ ont donc pu se trouver quelques camarades de jeu, s’apparentant malheureusement souvent à des knackis, tout en se munissant de groins, de museaux et — enfin — d’orifices.
Ce fut ensuite au fil des rencontres que je pus m’improviser peintre sur corps, présenter mon travail en galerie et réaliser divers travaux d’illustration.
On se calme et on boit frais / Amandine Urruty
Tes personnages semblent mignons mais quand on s’approche un peu on s’aperçoit qu’ils sont en fait trash et inquiétants. D’où te vient cette inspiration freaky ?
J’avoue avoir toujours eu un petit faible pour les choses dégoulinantes et crémeuses, mais cela constitue peut-être un début d’explication un peu léger. Si je n’aime pas parler d’ “inspiration” (terme singulièrement ronflant à mon goût), j’imagine que la clé de cette supposée bizarrerie se trouve tout simplement dans mes goûts : j’aime les belettes empaillées, le slime, les gâteaux arc-en-ciel, les manuels d’anatomie, les grands chauves qui font des collages dégoûtants, les licornes, les poneys, les double poneys, les musées d’histoire naturelle et les taupes étoilées.
I love New York / Amandine Urruty
Quelles techniques utilises-tu ? Dessin ou peinture manuels ou par ordinateur ?
Il s’agit exclusivement de dessin manuel. Dans un premier temps, n’osant pas me confronter à la couleur directe, je dessinais au crayon noir avant de coloriser ensuite la chose par ordinateur. La petite histoire veut qu’après avoir eu la chance d’admirer quelques originaux de Vincent Paronnaud (aka Winshluss), je me sois enfin décidée à me jeter à l’eau. Ce fut fait, malgré les railleries de mon entourage : j’avais eu l’idée lumineuse de jurer mes grands dieux que jamais je ne toucherai à un crayon de couleur. Mes dessins sont donc exclusivement réalisés aujourd’hui en usant de cette technique, tout en y ajoutant depuis peu quelques touches de peinture fluorescente.
Greatest It détail / Amandine Urruty
Te sens tu proche du mouvement que l’on nomme lowbrow art ? As-tu déjà graphé sur des murs comme tes consœurs toulousaines Fafi et Miss Van ?
Je dois admettre ne jamais avoir bien saisi la réelle signification, et surtout les limites de ce fameux terme de “Lowbrow”. J’avoue également ne pas avoir spécifiquement effectué de recherches qui auraient pu m’éclairer un peu sur le sujet. S’agit-il d’un “mouvement” artistique à proprement parler ? Le nombre et le caractère profondément hétéroclite des travaux qui sont regroupés sous cette bannière permet d’en douter. Pour tout dire, il me semble plutôt qu’il s’agit là d’un terme un peu fourre-tout, sans forme ni contour. Un qualificatif que l’on attribue “par défaut”. En ce sens-là, j’imagine que mes dessins peuvent se trouver inclus dans cette mouvance.
Pour ce qui est de la seconde question, non, je n’ai jamais fait de graffiti. Trop salissant, et surtout trop dangereux : ma maman m’a toujours promis que, quoiqu’il arrive, elle ne viendrait pas me chercher au poste.
Love is blue baby / Amandine Urruty
Peux-tu nous parler de ton actualité en galerie, et de tes expos, de tes collaborations avec d’autres artistes ?
Je travaille aujourd’hui à la réalisation d’une nouvelle et longue série de dessins qui devrait trouver sa place dans un recueil d’images à paraître chez les Requins Marteaux. Pour ce qui est des expositions, le plus simple reste d’en consulter les mises à jour sur mon site …
Je suis a priori ouverte à toutes propositions, tant qu’elles sont respectueuses du travail fourni.
Gardez la pêche….