Handimédias

Les inévitables médias, que nous proposent-ils?

De passer à la télé? Oui, mais pour quoi faire?

Pour satisfaire notre égo, parader avec notre superfauteuil de chez Smalto?

Ils nous disent : alors, on va venir filmer chez vous. On aime votre intimité. On aime accompagner votre tierce personne, vous suivre chez le commerçant du coin pour voir comment vous achetez votre baguette de pain, comment vous vous débrouillez avec les marches à l'entrée. Ils sont chouettes ces hands à la télé - le syndrome des enfants du téléthon, tous bien alignés - on aime bien les filmer!

Est-ce que faire de l'image caméra au poing en montrant pour la énième fois l'accessibilité manquante, le regard supposé belliqueux du passant, ça va faire avancer le débat, donner du travail, faciliter l'intégration?

- Carrément non. La personne en situation de handicap n'est pas un mobilier urbain qu'on déplace au gré des fantaisies journalistiques. On n'a pas envie de se mettre à nu ni à la télé, ni sur vos calendriers, d'improviser une scène de la vie quotidienne, de montrer l'image d'un couple extraordinairement uni, soudé. Un couple valide/handicapé a le droit aux scènes de ménage comme tout le monde. Mais attention, les medias, les scènes de ménages "hors norme", ça les intéresse aussi!!!

Nous, ce qu'on aimerait, c'est pouvoir parler autour d'une table, casser la pensée unique, bouleverser les programmes, briser les tabous, cela suppose un peu de courage médiatique, une prise de risque : vous pensez, dialoguer d'égal à égal, avoir une pensée construite, quelques idées qui renversent les préjugés, tout cela n'est pas dans le formatage de la chaîne de solidarité.

Philippe Barraqué

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