Génération Moi / Je

Publié le 05 avril 2010 par Wewowy

Ondulation rue Charlot, à la recherche d’un bistrot où boire de tout mon soûl le plaisir d’être enfin en week-end. A peine installé café du marché des enfants rouges, mon regard est attiré par une multitude de photos alignées sur le mur, là dehors dans la rue. Le mojito attendra, je ressors.

Gabriel Buret, étudiant en cinéma, est à l’origine de cette exposition sauvage qui nous interroge sur la façon dont on se représente soi-même sur un espace aussi ouvert qu’Internet. L’artiste met en scène cette nouvelle forme d’exhibitionnisme à laquelle nous nous adonnons en publiant nos photos sur le web, que ce soit sur Facebook, Myspace, ou sur nos blogs.

Sur le mur de la rue Charlot, 700 photos de vous, prises sur le net et regroupées en 10 thèmes selon les mots-clefs tapés sur Google par Gabriel : moi et mon chien, moi et ma voiture, moi et mon premier poisson, moi à travers ma web cam…

- Je poste donc je suis - L’homme moderne semble avoir besoin qu’on le magnifie dans ce qu’il a de différent. Pourtant l’uniformité évidente des prises de vue trouvées sur les pages perso du net traduit une certaine codification de notre représentation sur le web.

Photos volées ? Atteinte caractérisée à la vie privée? Pas vraiment. Ces photos, nous les mettons librement à la disposition de tous. Gabriel, comme il le dit, les a juste « récupérées et inventoriées ». Cette démarche pose donc clairement la question du droit à l’image sur le web. Des millions de sites et de blogs gravitent sur la toile, bien souvent abandonnés et oubliés de tous. Mais les photos, elles, résistent à l’épreuve du temps et s’entassent. A qui appartiennent vraiment ces images ? Facebook par exemple, aurait tous les droits sur les photos que vous mettez en ligne, et ceci pour toujours, quoi que vous fassiez.

Alors allez vite faire un tour rue Charlot. Vous découvrirez peut-être que de votre wall Facebook à un mur de Paris,  il n’y a qu’un click. Un click sur le bouton « imprimer » de l’ordinateur de quelqu’un que vous ne connaissez même pas.

Ne tardez pas, les photos dans la vraie vie, et à plus forte raison quand elles sont accrochées sur un mur au mois d’avril, sont vite rattrapées par le temps qui passe.

Photos : Onito