Titre original : Sukkwan Island
Éditeur : Gallmeister
1ère édition : 2008
Nb de pages : 200
Lu : Février 2010
Ma note :
Résumé
Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.
Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine, David Vann s’installe d’emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.
Mon avis
Gérard Collard, pour ne citer que lui, l’avait bien dit !
Mais encore fallait-il s’en assurer. Et je m’en suis assurée. Et donc, je confirme, on reçoit bien une baffe à la page 113. Et elle fait mal.
Dès le départ on entre dans le quotidien du père et du fils, qui s’apprêtent à passer un an en tête-à-tête sur une île d’Alaska. Jim, le père, a vendu son cabinet de dentiste pour acheter une cabane et retisser des liens avec son fils de 13 ans. La première partie est consacrée à leur installation, aux problèmes matériels et psychologiques qui s’accumulent, aux prémices du cauchemar qui va suivre.
C’est le point de vue du fils qui domine, et on découvre avec une certaine inquiétude que le père est loin d’être préparé pour un tel séjour, long et dans des conditions relativement précaires. Jim impose à son fils Roy une situation plutôt malsaine. Alors que le danger rôde et qu’à chaque minute la sécurité de son fils est menacée, Jim improvise, s’acharne à organiser leur vie sur l’île, malgré les incidents qui vont ponctuer leur séjour. On perçoit le malaise de Roy face à ce père instable, soucieux de bien faire mais totalement déprimé, voire suicidaire, et de toute évidence à côté de la plaque. Le jeune garçon est mis dans une position malsaine, témoin des sanglots nocturnes de son père. Ce dernier ne tardera pas à faire de Roy son confident, et à lui déverser son propre mal-être d’adulte.
Père maladroit, dépressif, et manifestement irresponsable, Jim est un personnage on ne peut plus antipathique et détestable. Son fils Roy comprend à peine la raison de sa présence aux côtés de ce père qu’il connait si peu. Il pressent l’inéluctabilité des choses, et fait preuve d’un fatalisme troublant pour son âge.
Voilà le contexte de départ, dans un style prenant et sec, qui décrit une nature sublime, potentiellement hostile, mais fascinante. Le lecteur est immergé dans un environnement bien particulier. Amateurs de pays chauds et de cocotiers passez votre chemin.
Et soudain, LE revirement. Tout change, tout bascule.
Et la seconde partie arrive, pas racontable sans gâcher le suspens.
Un drôle de cheminement psychologique, tortueux, pervers, douloureux, mais finalement, toujours à côté de la plaque, malgré les événements. On a envie de donner des baffes, on se dit que des parents comme ça il en existe beaucoup et qu’on n’aimerait pas les rencontrer.
Une sacrée belle découverte, un livre à lire pour le style et l’univers riche, et ses personnages fracassés. Un auteur à suivre de près !