Titre original : The lady of the shroud
Éditeur : Babel
1ère édition : 1909
Nb de pages : 193
Lu : Mars 2010
Ma note :
Résumé
» Là, sur la terrasse, dans la clarté lunaire maintenant plus intense, se tenait une femme vêtue d’un linceul trempé qui ruisselait sur le marbre, faisant une flaque qui s’écoulait lentement sur les marches mouillées. Son attitude et sa mise, les circonstances de notre rencontre, me donnèrent aussitôt à penser, même si elle se mouvait et parlait, qu’elle était morte. Elle était jeune et très belle, mais pâle, de la pâleur éteinte et grise des cadavres. » Extrait du journal de Rupert Sent Leger, cette scène – dans la pure tradition du genre – donne bien le ton de cet admirable roman gothique où s’entrelacent lettres, billets, fragments de journal intime et notes pour raconter les aventures étranges et inquiétantes d’un jeune homme sans le sou devenu du jour au lendemain châtelain dans les Balkans…
Mon avis
J’ai lu Dracula il y a des années, dans ma prime jeunesse, et j’étais tombée raide du personnage, de l’ambiance du roman. Voici mon premier Stoker depuis mes premiers émois vampiriques.
Quelle redécouverte ! Sans avoir l’ampleur ni l’étoffe de Dracula, La dame au linceul est un excellent (mais trop court) moment de lecture. Sur le principe du journal intime et de lettres, Bram Stoker nous raconte l’histoire d’un jeune homme de très bonne famille, qui très tôt a dû apprendre à s’en sortir par lui-même. Aventurier et explorateur sans le sou, il hérite d’une immense fortune léguée par son oncle, sous certaines conditions, peu contraignantes, puisqu’elles correspondent à ses aspirations, à son état d’esprit. L’intrigue ne résidera pas donc dans la manière de conserver ou non l’héritage, on comprend très vite que ce legs n’est qu’un prétexte et ne sert qu’à introduire la suite.
Dès le départ l’auteur nous plonge dans une ambiance de mystères, d’inconnu, d’inexplicable. La tante du héros, férue d’occultisme, un paysage envoûtant par son côté sauvage et son exotisme (nous sommes loin de l’Angleterre !), un jeune héros fringant, Rupert, qui est amené à occuper un étrange château dans les Balkans. Son esprit aventureux et noble (rappelons que notre jeune héros est anglais !) va le faire accepter les conditions posées par son oncle afin de jouir définitivement de la totalité de son héritage, et ainsi tisser des liens avec les peuples autochtones.
Rupert fera tout pour se rapprocher de la population et prendre sa défense contre l’ennemi turc.
C’est dans ce contexte et parallèlement à ses occupations diplomatiques, que Rupert va être confronté à une rencontre décisive.
Une dame étrangement belle, vêtue d’un linceul et totalement désespérée, va trouver refuge auprès de Rupert. Il n’en faudra pas plus à ce dernier pour tomber amoureux de cette inquiétante inconnue, surgie de nulle part au beau milieu de la nuit.
Entre fascination et superstitions, le jeune héritier vouera vite un amour aveugle à sa belle inconnue, dont il ne sait absolument rien.
La fin est assez attendue, et pourtant…