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Une carte de l'ancien golfe des Pictons, quand la mer allait jusqu'à Maillezais. (Reproduction S.O.)
La shorre, la slikke, les obiones, les mizottes, les prés salés n'ont pas de secret pour lui. Guy Bouyé, mytiliculteur en retraite et passionné de l'histoire de la mytiliculture et de la géographie de son village, a été très choqué, comme nombre de Charronnais, par les événements dramatiques du 28 février. Il a passé sa vie entre les eaux laiteuses de la baie de l'Aiguillon et les vases cuivrées du port du Pavé. « Je suis de souche boucholeur mais mon arrière grand-père était éclusier sur le canal du Curé. Ce qui fait que je me suis toujours intéressé à l'hydrogéologie de cette région. »
Guy Bouyé dit avoir connaissance, dans un coin de sa mémoire, de cinq raz-de-marée à Charron. Quand il avait 1 an, 13 ans, 17 ans, en 1999 et il y a un mois. « Je me souviens que les anciens disaient : un jour, la mer reviendra à Charron et jusqu'à Maillezais. Bien sûr, c'était exagéré. Mais je ne peux m'empêcher de penser au golfe des Pictons d'autrefois, aux îles de Charron, de Marans et à la propension sporadique de la mer à reprendre ses territoires d'autrefois. »
Selon Guy Bouyé, rien ne s'est fait pour lutter contre les inondations depuis la tempête de 99. La digue n'a pas été entretenue et la contre-digue n'a pas été respectée. « Pierre Bouyé, fils de Pharaon Bouyé, ça ne s'invente pas, avait réalisé une digue à ses frais avant 99. La maison derrière cette digue n'a eu que très peu de dégâts ».
En 2005, Guy Bouyé avait réalisé un dossier à l'attention des décideurs (mairie, Département, etc.) dans lequel il proposait un aménagement de « régulation des eaux entre terre et mer », valorisant l'écosystème de la baie de l'Aiguillon. Il s'agissait notamment de réaliser un chenal sur les mizottes de Charron pour l'écoulement des eaux du Curé et du marais afin de diriger les eaux de mer vers le delta du Curé et le port du Pavé. Un système qui, selon lui, serait profitable au milieu. « Je n'ai pratiquement eu aucun retour. Il n'y a que Michel Doublet qui m'a dit avoir trouvé la proposition intéressante ».
Classé sans suite, donc, le dossier de Guy Bouyé. Rien ne dit que son aménagement aurait calmé les ardeurs dévastatrices de Xynthia. Mais il aurait peut-être facilité l'évacuation des eaux.
Comme nombre de Charronnais, l'ancien mytiliculteur plaide pour une digue digne de ce nom « afin de préserver les richesses et surtout la vie des hommes dans tout l'ancien golfe des Pictons où le marais est à 1 mètre d'altitude soit 4 à 6 mètres sous le niveau d'un raz-de-marée tel qu'il aurait pu se produire ce 28 février dernier si nous avions eu le vent de 1999. ! Ne parlons pas d'une exception ! J'obéis à la nature, je la respecte ».
http://www.sudouest.com/charente-maritime/actualite/article/917315/mil/5901945.html