Russie : Nathalie Griesbeck en appelle à l'Europe et à la France

Publié le 26 novembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

COMMENTAIRE RELATIO : Le 7 mai, Poutine laissera officiellement le pouvoir présidentiel à son ami et protégé Dmitri Medvedev. Mais cela changera-t-il le cours des choses en matière de droits de l’homme. Ceux qui,à Strasbourg notamment, espèrent que les normes du Conseil de l’Europe seront mieux respectées commencent à douter sérieusement. Le harcèlement policier contre tout ce qui peut ou pourrait ressembler à des opposants n’ a jamais été aussi visible depuis l’entrée de la Russie dans la famille « démocratique » paneuropéenne.


Le « nihilisme juridique » reconnu par Medvedev touche particulièrement la presse (deux journalistes tués en un jour dans des conditions mystérieuses, les opposants déclarés (pourtant pauvres en moyens d’actions) et…les acteurs privés du secteur énergétique.

LES FAITS : (liste non exhaustive)

---Une nouvelle affaire Loukos ?Mercredi 19 mars des perquisitions ont eu lieu dans les locaux des sociétés pétrolières British Petroleum (britannique) et TNK-BP (russo-britannique). Deux ressortissants russo-américains, les frères Zaslavski, ont été arrêtés, jeudi, par le FSB (services de sécurité), qui les accuse d'espionnage industriel.

L'un, Ilya, travaille pour TNK-BP ; l'autre est à la tête d'une association d'anciens étudiants formés en Grande-Bretagne. Au moment de la fermeture des représentations du British Council, le bras culturel de la diplomatie d'Albion accusé d'espionnage il y a quelques mois, cette association avait adressé une lettre de protestation à Vladimir Poutine. Officiellement, « les deux affaires ne sont pas liées ». Etrange…

Petit rappel :Détenue pour moitié par BP, pour moitié par des oligarques russes, TNK-BP est depuis longtemps dans le collimateur du Kremlin qui veut reprendre le contrôle des richesses énergétiques du pays. Même des journaux russes osent le dire…

En 2007, TNK-BP a dû céder au géant russe Gazprom, dont le conseil d'administration est dirigé par Dmitri Medvedev, la licence d'exploitation du gisement gazier de Kovykta (Sibérie). Ce rachat n'a toujours pas été finalisé, les deux parties n'étant pas parvenues à s'entendre sur un prix. Dès mercredi, la cotation boursière de TNK-BP a chuté de 10 %.

 ---En province, les interpellations et les perquisitions se multiplient, rapporte le correspondant du Monde.

A Nijni Novgorod, le défenseur des droits de l'homme Stanislav Dmitrievski a vu ses locaux perquisitionnés.

A Kalouga et à Stavropol, les militants du parti de Mikhaïl Kassianov, dont la candidature à la présidentielle du 2 mars a été rejetée par la commission électorale, sont harcelés par la police, qui les accuse d'avoir collecté de fausses signatures.

A Saint-Pétersbourg, les locaux du parti d'opposition Iabloko ont été fouillés puis fermés. Son chef, Maxime Reznik, a été incarcéré, le 2 mars, pour "outrage et résistance" à la police, une "accusation fabriquée" selon des membres de l'intelligentsia (l'écrivain Boris Strougatski, Elena Bonner, la veuve du Prix Nobel de la paix Andreï Sakharov et d'autres) auteurs d'une lettre de protestation envoyée au parquet. Après ces pressions, Maxime Reznik a été libéré mais l'accusation court toujours. Il risque cinq années de prison.

Autres signes de ce vent liberticide qui souffle sur la Russie en transition : deux décrets gouvernementaux, pris dans une grande discrétion, contraignent les fournisseurs de téléphonie mobile et d'accès Internet à laisser les services de sécurité (le FSB) contrôler les lignes téléphoniques et lire les courriels de leurs clients à volonté et à leur insu.

Un comble ou un signe d’un humour bureaucratique cynique : les fournisseurs doivent installer ces systèmes d'écoutes à leur frais. Souriez, vous êtes espionnés, et c’est vous qui payez…