24 février 2010 – 24 mai 2010
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux, le musée du Louvre, Paris, la Tate Britain, Londres et le Musée du Prado, Madrid.
Elle a été présentée à la Tate, Londres du 23 septembre 2009 au 31 janvier 2010. Elle sera ensuite présentée au musée du Prado, Madrid du 22 juin au 19 septembre 2010.
La profonde singularité du peintre de paysages britannique J.M.W. Turner (1775-1851) s’est nourrie de son dialogue avec la peinture tant des maîtres anciens que des ses contemporains tout au long de sa très longue carrière. Ce dialogue, souvent inquiet, pointilleux, volontiers compétitif mais toujours fécond, a nourri le parcours exigeant du peintre. Dès ses débuts, au milieu des années 1790, Turner se montre un aquarelliste particulièrement doué et ambitieux rivalisant avec les plus grands de ses contemporains (dont son ami Thomas Girtin (1775-1802) mais aussi avide de maîtriser la technique picturale en s’inspirant du paysagiste gallois Richard Wilson (1713-1782) et en visitant les premières collections privées britanniques qui, en l’absence de musée, détiennent les œuvres des maîtres anciens que Turner brûle d’égaler.
Tout jeune encore, il fond en larmes devant un tableau de Claude le Lorrain (1600-1682), désespérant de faire aussi bien. Remarqué par ses pairs, il expose très jeune à la Royal Academy et joue volontiers à l’émulation avec ses contemporains tant peintres qu’aquarellistes. Son ambition impérieuse, le pousse à sans cesse étendre le vaste champ de ses connaissances artistiques et de ses champs d’investigation : aquarelles topographiques, marines, paysages classiques, paysages fantastiques, voire scènes de genre ou peintures d’histoires. La variété de ce parcours s’appuie sur la variété des références que cet avide génie sait rassembler.
Appliquant d’abord fidèlement les méthodes de la jeune tradition des aquarellistes anglais, Turner aborde la peinture en suivant avec application l’exemple des paysagistes hollandais rembranesques dans une gamme chromatique sombre et encore restreinte. L’exemple stimulant et déjà classique de son grand devancier Richard Wilson l’engage vers le tournant du siècle à entreprendre des paysages classicisants de plus grande ampleur et de coloris plus soutenu. Il étudie en parallèle, avec déférence et bientôt la volonté d’en découdre, l’art des grands paysagistes actifs en Italie au XVIIe siècle : Salvator Rosa (1615-1673) et Nicolas Poussin (1596-1665). Loin de pasticher ces grands modèles, Turner bouscule d’un souffle puissant et tempétueux la perfection de leurs harmonieuses compositions en inaugurant presque la magistrale tradition du paysage fantastique britannique avec Le Déluge (1805, Tate) directement inspiré du tableau éponyme de Nicolas Poussin (1664, Louvre).
L’exposition propose pour leur confrontation, ses quelques tentatives dans le domaine de la peinture d’histoire (Sainte famille de 1803, collection de la Reine, ou Vénus et Adonis vers 1805, collection privée) qui se nourrissent d’un chromatisme plus riche et plus soutenu fécondé par l’étude de Titien (vers 1490-1576) (La Vierge au lapin vers 1530, Louvre) et de Claude. Ses petites peintures de figures rivalisent à la fois avec des maîtres méconnus à l’époque tels Watteau (1684-1721) (Ce que vous voudrez !, 1822, Williamstown, Clark Institute) ou ses rivaux les plus célèbres tels David Wilkie (1785-1841). Le dialogue fructueux avec les paysagistes de la génération suivante, Bonington (1802-1828) (Scène de la côte française avec des pêcheurs de 1826, tate) et Constable (1776-1837) (L’inauguration du pont de Waterloo, 1829, Tate) vont exalter encore la liberté de touche et de ton de Turner (La plage de Calais, 1830, Bury Art Gallery ou Le Bateau échoué vers 1828, Tate). _ Après 1820, la découverte de Venise (Venise vue du porche de la Madone de la Salute, 1835, New York, Metropolitan Museum) et l’approfondissement de l’étude de Claude Lorrain portent les compositions de Turner vers un très grand raffinement chromatique et une maîtrise des compositions à plans multiples et vaporeux (Palestrina Composition, 1828, Tate). L’exposition permettra à ce titre, comme Turner l’avait lui-même souhaité, de confronter un de ses plus complexes chefs d’œuvre, Le Déclin de l’empire carthaginois (1817, Tate) avec deux des visions magnifiques de Claude Lorrain qui l’ont inspirée : Le Port de mer au soleil couchant (Louvre, 1639) et Le Débarquement de Cléopâtre à Tarse (Louvre).
C’est par la confrontation exigeante et sans arrêt provoquée avec ses peintres de prédilection que Turner a construit son affranchissement, sa sidérante liberté de peindre portée à son apogée dans sa dernière décennie d’activité (Tempête de neige, bateau à vapeur au large d’un port, 1842, Londres, Tate).
L’exposition « Turner et ses peintres » retrace et illustre cette construction de la vision de Turner, riche de rencontres multiples, fortuites ou provoquées, mais toujours opportunes et fécondes, tout au long de sa remarquable carrière. Elle rassemble près de 100 tableaux et œuvres graphiques (études, gravures) provenant de grandes collections britanniques et américaines, des musées du Louvre, du Prado, et de Londres.
Turner et ses peintres
Galeries nationales, Grand Palais
24 février 2010 – 24 mai 2010
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