Vous dire, avec infiniment de respect, que vous êtes pour moi l'incarnation de la noblesse. Dans un monde où il est si aisé de se croire en résistance parce que, bien à l'abri derrière un clavier d'ordinateur, nous nous octroyons un dérisoire pouvoir, vous poursuivez, depuis plus de vingt ans, votre combat contre la junte birmane en le payant au prix fort. Comme le Mahatma Gandhi, comme Martin Luther King, vos frères en humanité, vous incarnez les valeurs de la "ahimsa", cette non violence, au nom de laquelle vous luttez à mains nues. Le combat est inégal, d'un côté un pouvoir militaire qui vous contraint depuis plus de vingt ans à résidence mais pas au silence, de l'autre, Vous, Madame, qui avez mis votre vie même au service du peuple Birman, comme votre père avant vous. Et pourtant, malgré le baillon de violence qui vous est imposé, l'impossiblité que vous avez à vous exprimer en public, votre voix nous parvient, belle et ferme. Constante et juste. Si juste que vos partisans de la Ligue Nationale pour la Démocratie ont préféré renoncer à se présenter aux élections cet automne, plutôt que de vous exclure de leurs instances dirigeantes. Le risque est grand de voir votre parti privé d'existence légale et dissous. Se soumettre ou se démettre... La soumission vous est étrangère et vous êtes hautement contagieuse!
Alors, lorsque parfois je me révolte , lorsque "mon" monde semble ne pas tourner harmonieusement, mes pensées vont vers Vous et je retrouve le courage et l'humilité. Je voulais juste aujourd'hui vous dire "merci". Et espérer, en ce lundi de Pâques, un miracle, pour vous, pour le peuple Birman, pour tous ceux qui étouffent sous des bâillons d'oppression. Faire silence et Vous rejoindre par la pensée.