Avant de redescendre en Dordogne, j'ai accepté l'offre de Laurent de passer quelques jours chez lui, à quelques kilomètres de Chinon. L'occasion de rencontrer l'un de ses producteurs les plus emblématiques, Philippe Alliet. En fait, c'est son épouse Claude qui nous accueille, et je l'en remercie. Il a fallu que Laurent insiste pour qu'elle nous reçoive, car elle voulait profiter du retour du soleil pour attacher dans les vignes.
La sobriété est de mise dans le chai dont la température nous rappelle que l'hiver a été rude : une barrique et un crachoir posés dans un coin. Point. L'essentiel est ailleurs : dans les bouteilles. Et comme le temps nous est compté, nous passons directement à la dégustation.
Nous démarrons par les 2008. Le premier a été embouteillé. Les autres sont des échantillons.
Chinon (provenant de parcelles de graviers) : nez fin, frais, sur la prunelle et le poivre. Bouche ronde, fraîche, avec un joli fruit souligné par une légère note de feuille de cassis. Finale nette et fraîche. Très agréable.
Chinon vieilles vignes (sol identique mais vignes plus vieilles) : nez gourmand mêlant les fruits rouges et noirs, des notes lactiques et épicées. La bouche est ample, charnue, avec une matière dense, au grain serré. Finale tonique, avec une mâche savoureuse. Vraiment très bon.
Côteaux du Noiré (sols argilo-siliceux sur calcaire) : nez plus profond, plus complexe sur les fruits noirs, la violette, et une touche de cèdre. Cette profondeur et cette complexité se retrouvent en bouche. Associées à une grande droiture, à des tannins bien mûrs et parfaitement intégrés. La finale est d'une longueur incomparable, sans dureté aucune. Un vin puissant, harmonieux, déjà excellent aujourd'hui et certainement énorme demain.
Puis nous passons aux 2007, tous disponibles en bouteilles
Vieilles vignes : nez très ouvert, sur la mûre et les épices. Bouche charnue, harmonieuse, fruitée, avec des tannins d'abord veloutés, se durcissant en finale. Fin ferme, souligné par une fine note végétale. A attendre.
Huisserie (jeunes vignes proches des vignes du côteaux du Noiré) : nez charmeur, lumineux, sur la crème de fruits noirs, les épices chaudes. Bouche ample, élancée, avec une matière douce et un fruit très pur. Jolie finale bien nette. Une pure gourmandise en l'état que l'on peut se demander si ce sera meilleur un jour.
Côteaux du Noiré : nez plus complexe, plus fin, plus épicé, avec des notes de pierres chaudes. La bouche est fine et élancée, avec cette droiture qui semble être la signature de la parcelle. La matière est dense, mûre. Et une finale superbe, avec une mâche goûtue en diable. Un vin superbe qui offre déjà énormément de plaisir. Dieu que c'est bon le Cabernet lorsqu'il est réussi !
Pour une personne pressée, Claude Alliet s'avère loquace. Nous discutons longuement de leur travail, de leur volonté de réduire la taille du domaine pour faire un meilleur travail possible (de 17 à 13 hectares). Il faut dire qu'ils ne sont que trois à y travailler : son époux, son fils et elle.
Je remarque qu'une grande partie des barriques provient de chez Vicard. Claire nous dit que leur fournisseur précédent leur avait vendu des barriques de mauvaise qualité (mal séchées) et qu'ils ne pouvaient se permettre de perdre une partie de leur production. Ils ont donc essayé Vicard et en sont très satisfaits pour l'instant.
Après que Laurent ait acheté quelques bouteilles (moi, j'ai pas trop de sous en ce moment...), nous laissons madame Alliet repartir à son travail. Et faisons un tour dans les vignes du domaine.
Là, ce sont les vieilles vignes à proximité du chai
Ici, des jeunes vignes de chenin sur le Côteaux du Noiré
(ils font aussi un blanc, pas goûté)
Les jeunes vignes de l'Huisserie
Et les plus vieille des Côteaux du Noiré !
Merci à Laurent Lalouette et Claude Alliet !
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