Fêtes pascales obligent, la religion était à l’honneur dans le quotidien suisse Le Temps, ce week end. En dehors des scandales qui secouent la papauté, deux articles étonnants qui éclairent le sentiment religieux sous un autre angle. Des chercheurs en neurosciences cognitives ont observé par imagerie médicale, une baisse de l’activité cérébrale dans certaines zones du cerveau pendant la méditation et la prière. La capacité d’auto transcendance (diminution de la conscience de soi, assortie d’une sensation de ne faire qu’un avec autrui, le monde ou l’Univers) augmente significativement chez les patients opérés de tumeurs dans ces régions. L’étude intégrale dans le texte, en anglais of course, tel qu’il a été publié dans la revue Neuron, si le cœur vous en dit
http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B6WSS-4YC2GXT-5&_user=10&_coverDate=02/11/2010&_rdoc=1&_fmt=high&_orig=search&_sort=d&_docanchor=&view=c&_acct=C000050221&_version=1&_urlVersion=0&_userid=10&md5=e4fb1257622032866d302
Le titre de cet article de vulgarisation : « Les voies divines ne sont pas si impénétrables »,
ceux qui ont de l’humour apprécieront….
Jeanne d’Arc et saint Paul auraient donc été de grands malades. Dostoïevski aussi… enfin surement. Mais Klaas Hendrikse ne semble pas souffrir de ce mal bien au contraire, ce pasteur qui exerce son ministère au Pays-bas attire les foules en proclamant son athéisme. « Après la mort, il n’y a rien. La résurrection n’est qu’un mythe provenant d’antiques croyances liées au lever et au coucher de l’astre solaire. Jésus est certes une figure historique, il a sans doute été un personnage marquant, mais il n’a rien d’unique. Dieu n’existe pas, tout le démontre. Toutefois, il est possible de croire en un Dieu qui n’existe pas. » Un croyant athée, l’oxymoron est intéressant, des fidèles et autres viennent de tout le pays pour l écouter prêcher.
Son propos vaut réflexion «Je nie l’existence du Dieu théiste tel que le présente la tradition chrétienne. En cela je suis athée. Mais je suis aussi un croyant. Après la phrase «Dieu n’existe pas», je ne mets pas un point, mais une virgule. C’est ce qu’il y a après cette virgule qui fait de moi un croyant.» L’affirmation selon laquelle Dieu existe est d’ailleurs davantage ancrée dans le paganisme que dans la Bible, remarque le pasteur Hendrikse. «Lorsque Dieu se fait connaître à Moïse dans le livre de l’Exode, il ne lui donne pas son nom. Il lui dit: «Je suis qui je serai.» Il ne s’agit pas d’un nom, mais d’une expérience humaine. Vers le VIe siècle avant Jésus-Christ, sous l’influence des peuples polythéistes, les Hébreux ont transformé cette expérience en un dieu.» Le ministre établit une distinction entre la croyance et le fait de croire. «La croyance est une manière de parler, de dire les choses. En revanche, croire est une manière d’être, liée à la façon dont vous réagissez à ce qui vous arrive et à ce qui se passe autour de vous. C’est la capacité de transformer un événement quelconque en une expérience qui fait sens. Dieu n’existe pas, mais il «arrive». Croire, c’est avoir confiance, en vous-même, en d’autres personnes ou dans la vie.» Un tel Dieu est forcément très personnel. Dans l’optique de Klaas Hendrikse, il ne peut y avoir de discours général sur Dieu. «Chacun a son Dieu, et mon Dieu est différent du vôtre.»
Après avoir hésité à sanctionner cette libre parole, les autorités ecclésiastiques ont décidé qu’il pouvait rester en service jusqu’à sa retraite en 2012.
La Bible selon Klaas Hendrikse dans le texte : «Geloven in een God die niet bestaat. Manifest van een atheïstische dominee (Croie en un Dieu qui n’existe pas. Manifeste d’un pasteur athée)»,Ed. Nieuw Amsterdam.
Et maintenant à vous de cogiter un peu. Mais j’y pense, Klaas Hendrikse souffre peut-être d’une tumeur au cerveau…dont les effets seraient l’inverse de l’auto-transcendance… je passe la main aux chercheurs.