Le Père Raniero Cantalamessa est depuis 1980 Prédicateur de la Maison Pontificale. A ce titre, il donne une prédication, chaque semaine en Avent et en Carême, en présence du Pape, des cardinaux, évêques et prélats de la Curie romaine et des supérieurs généraux des ordres religieux. Au cours de son discours de ce Vendredi saint à la basilique Saint-Pierre, ce prédicateur papal a donné lecture d'une lettre de solidarité au pape et à l'Eglise, qu'il a dit avoir reçue récemment d'un "ami juif".
Cette introduction est pour le moins curieuse. En quoi cette opinion faisant référence à l’antisémitisme serait plus fondée parce qu’émanant d’un « ami juif » ? Est-ce qu’en la présentant ainsi, ce Prédicateur imprudent s’est rendu compte qu’il rendait de la même manière plus solide l’appréciation que peut porter n’importe lequel de ses « amis catholiques» sur les scandales de pédophilie qui se sont multipliés ces derniers temps dans l'Eglise catholique ?
La citation de cette lettre amicale faite par ce prédicateur est encore plus étrange : « L'utilisation du stéréotype, le passage de la responsabilité et de la faute personnelles à la faute collective me rappellent les aspects les plus honteux de l'antisémitisme ». Je fais deux remarques :
1) Si je comprends bien le père Cantalamessa, à partir de la faute de quelques prêtres, l’opinion publique s’en prend à tous, ce qui rappelle comment, en partant d’une faute personnelle, l’antisémitisme s’en prend à tous les Juifs. Ce père pourrait-il avoir l’obligeance de nous indiquer, dans le cas de l’antisémitisme, quelles sont cette responsabilité et cette faute personnelles à partir desquelles s'opère ce passage à la faute collective ?
A quoi donc pense-t-il ? Ces propos relèvent, soit de la bêtise, soit du maintien d’une notion de Juif déicide, abolie par Jean XXIII, hypothèses toutes deux navrantes chez un homme chargé, depuis trente ans, Jésus, Marie, Vierge et martyr ! de prêcher devant Sa Sainteté le Pape !
2) Le peuple juif n’est malheureusement pas le seul à avoir subi un génocide au cours du XX° siècle. Les Arméniens l’avaient précédé, les Cambodgiens puis les Tutsis l’ont suivi et cette liste de peuples voués à l’extermination est sans doute loin d’être complète. Il s’agit, dans tous les cas, d’êtres humains massacrés pour le seul crime d’être nés. Qu’est-il donc arrivé à nos infortunés prêtres catholiques qui permette de comparer leur sort aux victimes de génocides ?
Le Vatican a fait part de ses regrets. Ah oui ! Et ce si sagace prédicateur va continuer à prêcher de pareilles insanités ? Que Sa Sainteté le renvoie dare-dare se limiter à « chanter la messe » comme son nom l’indique ! Au moins, sur des textes prescrits par la liturgie, il ne racontera pas d’âneries.