(...) Parfois, ces enfants issus de milieux privilégiés « jettent le bébé avec l'eau du bain » : ils « vomissent » en quelque sorte leur capital culturel. Celui-ci leur apparaît en effet comme une forme grave d'hypocrisie : c'est à leurs yeux le masque derrière lequel leur famille dissimule des secrets inavouables.
On comprend ainsi comment des enfants issus de familles aisées et cultivées en viennent à refuser les facilités que leur milieu leur offre et s'engagent dans une carrière d'échecs scolaires, voire de délinquance ou de toxicomanie. Accepter l'héritage social serait pour eux accepter l'hypocrisie familiale. D'autres « jettent leur gourme » et essayent de tout reprendre à zéro, avec plus ou moins de succès.
A l'inverse, il arrive que des enfants issus de milieux particulièrement défavorisés, à la fois sur les plans des capitaux matériel, culturel et relationnel, réussissent brillamment dans leurs études. (...)
De façon générale, aucun événement vécu par l'enfant n'est interdit de parole. (...)
Dans la transmission, ce qui importe, ce n'est pas le contenu, c'est la capacité de pouvoir se construire des représentations personnelles de ses expériences du monde, autrement dit la capacité de symbolisation. Lorsqu'elle est mise en défaut par un secret, privé ou social, l'aptitude des enfants à bénéficier de toutes les formes de transmission, aussi bien familiales que scolaires, peut être gravement perturbée. C'est pourquoi les parents ont avantage à évoquer avec leurs enfants les questions douloureuses qui les travaillent. (...).
Le poids des secrets de famille, dans Sciences Humaines. Tout l'article est ici.