Racing-Métro : Tout près du but !

Chronique du lundi 5 avril 2010.

Il est intéressant de voir où en est arrivé le Racing-Métro à 2 journées de la fin des matchs de poule et surtout avant d’affronter Biarritz pour un match qausi-décisif pour la 6ième place. Est-ce que le Racing-Métro peut jouer un rôle en cette fin de saison ?

En positif, une densité physique impressionnante :

Il est intéressant de comparer le match livré contre Toulouse ce vendredi avec celui contre Perpignan début janvier, perdu 31 à 12. Contre une équipe Catalane solide mais pas géniale, à l’image du Toulouse actuel, les Racingmen avaient tenu tête aux sang et or pendant près de 50 minutes avant de flancher sous les coups de boutoir adverses. Cette fois, ce n’a pas été le cas. Contre Toulouse, l’équipe Parisienne a dégagé une puissance physique qui a beaucoup gêné Toulouse, la mêlée Parisienne et surtout la touche ont parfaitement tenu la route et ce tout au long du match. L’organisation défensive a, malgré un raté dès le début de match, bien tenu le choc et même réussi à faire, par moments, déjouer Toulouse. Le comparatif avec le match de janvier est éloquent et montre la progression des Parisiens particulièrement en termes de densité physique.

Pierre Berbizier possède une mêlée qui n’a peur de personne avec 3 options au talonnage ( 3!! ), et 2 de chaque côté avec Tuughahala et Cicero et Baïocco et Orlandi voire Smith. Derrière Nallet peut compter sur Dellape ou Van DerMerwe pour l’option grand ou Raiwalui pour l’option puissance. En 3ième ligne, avec la montée en puissance de Cronjè à l’aîle, la découverte de LeRoux très dynamique et bon joueur de ballon en plus du fidèle soldat Léo’o et de Sébastien Chabal en 8, c’est largement suffisant pour tenir tête à pratiquement toutes les équipes. Même Biarritz ? Même un Biarritz qui pourrait arriver en pleine confiance à Colombes. Les Basques ont retrouvé de la confiance et surtout des joueurs clés comme Yachvili ou Traille derrière qui peuvent faire basculer le match en leur faveur sur une ou deux interventions. Les oppositions directes de ces 2 joueurs avec Fillol et Steyn pourraient d’ailleurs se révéler décisives pour l’issue du match. Néanmoins, comme les Basques n’ont pas d’animation offensive à proprement parler et que je ne vois pas leurs avants mettre au pas leurs adversaires, les Parisiens ont les moyens de s’imposer sur leur terrain même si le match risque de se jouer sur pas grand chose.

En négatif, une propension à se débarrasser trop vite du ballon :

Même avec la montée en puissance de la charnière Lorée – Wisnieski et l’arrivée de François Steyn au centre, le Racing-Métro a trop vite tendance à se débarrasser du ballon si le premier ou le deuxième temps de jeu ne permet pas de battre la défense. Du coup, cette équipe possède un temps de maîtrise du ballon insuffisant pour imposer son rythme à la rencontre. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’elle n’arrive jamais à tuer les matchs même quand elle a pris un premier avantage décisif. Au lieu de prendre le jeu à son compte pour finir le travail, elle redonne le ballon à un adversaire qui souvent, profite de l’énergie du désespoir pour faire passer des sueurs froides dans les rangs des supporters ciel et blanc.

Pierre Berbizier a toujours eu comme tactique de s’appuyer sur un jeu au pied long pour garder l’adversaire dans son camp grâce à une défense forte qui permet de récupérer des ballons et des pénalités en bonne position pour marquer des points. A trop vouloir l’utiliser, cette équipe se prive de bons ballons permettant de garder la main sur le jeu. Et c’est d’autant plus dommage qu’elle devrait justement profiter de sa densité physique pour peser sur les défenses adverses et mettre les adversaires définitivement sur le reculoir. François Steyn a un formidable coup de pied mais lui donner la balle après quelques percussions des Chabal, Nallet et compagnie serait la meilleure manière d’augmenter le doute de la défense adverse et ce d’autant plus que les Bobo, Gaugau et autres Chavancy ont de beaux arguments à faire valoir.

Si le Racing-Métro se qualifie pour les barrages, il devra prendre des risques pour aller s’imposer à Toulon, Castres ou Toulouse. Les formidables points forts qu’il a montrés cette saison : densité physique, conquête et défense lui permettront certainement de faire bonne figure face à un tel adversaire mais, à ce niveau-là et dans ces conditions, il faudra autre chose pour espérer déjouer les pronostics. Du coup, son intérêt est de montrer le plus vite possible une volonté nouvelle de garder la maîtrise du ballon le plus longtemps possible en multipliant les temps de jeu pour espérer maîtriser une telle tactique le jour J. Alors, peut-être pas contre Biarritz ou l’enjeu et la tactique basque de s’appuyer uniquement sur la conquête et la défense, ne se prêteront pas à un tel changement mais définitivement lors de l’ultime rencontre face au Stade Français. Parce que, quoi que l’on fasse, en rugby, pour marquer des points, il faut être en possession du ballon. Et le posséder plus que son adversaire est un avantage crucial pour une équipe qui maîtrise bien son rugby et possède des joueurs de grande qualité…