Cartland commence comme un trappeur, exactement comme Buddy Longway à la même époque (c'est vraiment la mode des trappeurs dans les années septante, après celle des cow-boys et des sheriffs). La scène qui est montrée en couverture n'est pas une scène de l'action principale : il s'agit d'une scène de rêve. Le personnage a une prémonition de ce qui va venir et il vit une initiation indienne. On est dans une réédition de ce qui fut le diptyque des Monts de la Superstition pour Blueberry, mais en plus complexe. Le personnage mis en avant au premier plan n'est pas Wah-Kee, lequel est déjà mort et qui va dire à Cartland comment choisir le bien (parce que les esprits, cela connaît la vérité). C'est Wendigo. Je ne sais si vous le connaissiez alors, mais alors brrr... Cela fait peur.
Les illustrations sont souvent empruntées à Karl Bodmer. C'est le cas de l'image de couverture qui nous fait tout de suite penser à un monde de zombies. Vous ne connaissiez pas non plus ce pittoresque peintre suisse de l'époque impressionniste ? Pourtant, c'est l'une des plus importantes sources d'images sur le monde indien et la base de ce qui sera tout le Kraut-Western (les Winnetou, les machins cinématographiques ou dessinés dérivés de Karl May, tout un ensemble de choses innommables et immontrables), l'Ouest à la sauce allemande et surtout bavaroise comme vous n'aimeriez pas vous la voir conter.
Pourtant, c'est par un retour aux pires clichés au sujet du monde indien que Harlé et Blanc-Dumont parviennent à revenir à une forme de vérité au sujet du monde du far-west. Et aussi par le détour du rêve. J'estime alors que Laurence Harlé n'a pas vécu en vain.