La peur a changé de camp

Publié le 04 avril 2010 par Juan

C'est un constat évident, en Sarkofrance. Certains à droite craignent pour leurs postes, ou la défaite de leur camp en 2012. D'autres pensent que Sarkozy n'est simplement plus l'homme de la situation.
La sortie
Alain Lambert, éphémère ministre du budget sous Chirac, sénateur UMP, et blogueur récalcitrant, a écrit une tribune sur le site de Public Sénat que Nicolas Sarkozy n'était pas le bon candidat de la droite pour 2012. Les termes sont rudes et lucides. Le sénateur-blogueur rappelle qu'il fut l'un des premiers soutiens de Nicolas Sarkozy, en 1995, quand ce dernier entama sa traversée du désert après l'échec d'Edouard Balladur à l'élection présidentielle.

Me voilà convoqué au tribunal médiatique pour antisarkozysme primaire ! A noter que l’expression est issue d’un tweet émanant d’un compte à la gloire de… Lionel Jospin ! L’auteur de ce tweet ne prétendrait pas lui-même être le mieux placé pour commenter ma relation avec le président de la République.
Séduit par sa personnalité, et bien qu’à l’UDF et lui au RPR, je l’ai soutenu dès 1992 et surtout en 1995 lorsqu’il était très isolé. Bien avant l’immense majorité de la cour qui le flatte aujourd’hui et l’entretient dans une perception de la France qui n’est pas la mienne.
Durant toute la campagne régionale, je me suis tu, soucieux de ne pas pénaliser nos valeureux candidats déjà à l’épreuve sur le front des critiques. Me réservant d’attendre les résultats afin de les analyser lucidement.
Le temps est venu de le faire.
Qu’avons-nous entendu pendant la campagne : des électeurs déboussolés, se sentant méprisés, tenus pour quantité négligeable, priés d’applaudir à des décisions aussi discutables que des taxes nouvelles, l’ouverture à gauche débridée, des paroles aussi surprenantes que « le Parlement, je m’en moque, j’ai décidé ». Bref, un comportement désinvolte, irrespectueux de ceux qui avaient porté à la présidence de la France un homme dont le premier geste fut de se rendre au … Fouquet’s ! Quel symbole !
Pour ma part, j’ai toujours considéré qu’il était plus loyal d’exprimer franchement ma pensée. Même si ce n’est pas une pratique courante dans le milieu politique.
Si le président de la République n’est pas seul en cause dans l’échec des régionales, il l’est pour une partie non négligeable. Et il a eu le grand tort de ne pas le reconnaître avec humilité devant les Français.
Et quel ne fut pas mon émoi quand a commencé le concert des hypocrites, dès le lendemain du scrutin, pour dire qu’il restait notre sauveur à tous et qu’il fallait surtout nous rassembler tous derrière lui, l’irremplaçable candidat pour 2012. Mon avis est qu’aujourd’hui il n’est pas en situation de faire gagner nos idées en 2012.
Alors, à quoi sert-il de le lui faire croire ?
Sinon à le faire persister dans ses méthodes qu’il croit bonnes depuis 3 ans et qui nous entrainent tout droit dans l’abîme.
Je pense au contraire nécessaire que ceux qui sont capables d’assumer cette fonction se préparent à prendre la relève, s’il vient à dévisser complètement, ce qui n’est pas totalement à exclure à raison des désastreux sondages qui pleuvent chaque jour désormais.
Faisons simple, pourquoi les premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et François Fillon ne se rencontreraient-ils pas pour envisager toutes les éventualités ? Il n’est pas impossible qu’ils aient une vision différente des choses, mais au moins une réflexion s’engagerait sans tabous et surtout dans l’exclusif intérêt supérieur du pays.
Sans doute suis-je naïf ? Non me soufflent certains, juste provocateur.
Mais je ne pense pas que dire sa propre vérité soit coupable en politique. Dès lors qu’il ne s’agit pas de vouloir l’imposer aux autres !
Pour moi, l’antisarkozysme, actuellement en germe, se nourrit surtout du soutien hypocritement inconditionnel qui sévit autour du Président.
On la cherche toujours la droite anti-sarkozyste. Mais ces dernières semaines, elle s'est quelque peu manifestée. Les langues se sont déliées. La peur a changé de camp. A droite, on se risque à penser que Sarkozy va faire perdre l'UMP en 2012. En fait, on pourrait croire que les "opposants de l'intérieur" se sont dévoilés trop tôt. Il n'a pas fallu attendre une semaine après les déclarations de candidature aux primaires de l'UMP d'Alain Juppé pour qu'un sondage (commandé par l'Elysée ?) torpille la popularité de l'imprudent.


La rumeur
Autre terrain, privé celui-là, autre attaque, publique une nouvelle fois. Les stratèges de la présidence ont décidé de faire la peau (judiciaire) aux auteurs de la rumeur sur les infidélités conjugale du couple Sarkozy. "Nous voulons aller jusqu'au bout pour que cela ne se reproduise plus jamais. Comme on dit, la peur doit changer de camp" aurait expliqué Pierre Charon, conseiller du président. "Nous faisons de cette ignominie un casus belli".
Une plainte a donc été déposée par le Journal du Dimanche, selon le parquet de Paris, pour "introduction frauduleuse de données dans un système informatique". Il est amusant de voir Pierre Charon se poser ainsi en chantre de l'éthique en politique. "Sarkozy ne se trompe pas en disant « qu'il vaut mieux l'avoir près que loin de soi »" écrivait le Point il y a un an.