Au panthéon des cloches de Pâques, force est de constater que nos héros sarkozystes occupent une fois de plus, de par leurs déclarations aussi intempestives que velléitaires, une place de premier choix. Naïveté ou cynisme ou tout simplement incompétence crasse, on s'interroge sur la lucidité de nos chers gouvernants. Chaque jour qui passe révèle un peu plus leur impuissance autant que leur mauvaise foi.
A tout saigneur, tout honneur, commençons par le pitbull Frédéric Lefebvre. S'il n'en reste qu'un il sera celui-là tant il n'existe que par la voix de son maître. Caisse de résonance à poil long, son job à lui est de faire chambre d'écho aux logorrhées présidentielles. Sans état d'âme et surtout sans vergogne. Ainsi-a-t-il déclaré il y a peu en pleine tempête sur le bouclier fiscal : “Plutôt que de tomber dans le piège de la gauche qui caricature notre politique et de critiquer eux-mêmes l'engagement pris devant les Français que personne ne paie plus de la moitié de ce qu'il gagne en impôts, les députés de la majorité qui veulent envoyer un signal de justice à nos compatriotes, peuvent mettre leur énergie à défendre le bouclier social mis en place par la majorité pour lutter contre les injustices et venir en aide aux plus modestes.“
Dans un pays où la misère monte à la vitesse d'un cheval au galop, où le chômage explose, où les expulsions pullulent, où les services sociaux sont attaqués de toutes parts et où les riches n'ont jamais été aussi riches, on croit rêver en entendant de telles inepties. Et quand le motodidacte niçois, Christian Estrosi, surenchérit sur le même thème - “Il nous faut enfoncer le clou sur le bouclier social“- , on comprend qu'on a encore une fois affaire à une opération de communication venue d'en haut avec éléments de langage fournie avec. Le bouclier social actuel ressemble en fait plus à un jouet pour bambin issu d'une panoplie usée d'Ivanhoé.
Dans la série Télévision de grand-papa, celui qui se prend pour Zorro en ce moment n'est autre que le colin froid Brice Hortefeux. Il a déclaré vouloir “faire la guerre aux trafics et aux bandes” tout en affirmant que ce n'étaient pas “aux petites crapules de faire la loi dans les quartiers.” On se souvient des paroles de son mentor en 2005 qui voulait “nettoyer au kärcher” les banlieues et des “racailles.” On constate avec quel succès, Don qui Chute a réussi pleinement son œuvre, lui qui officiait déjà au ministère de l'intérieur en 2002. Le démantèlement de la police de proximité et la lumineuse présence de Fadela Amara au sein de son gouvernement ont du l'aider dans sa noble croisade. Le volontarisme est une chose, les résultats en sont une autre…