Kick-Ass : la projection privée et ma review "bottage de culs"

Publié le 01 avril 2010 par Andersonmother

Lundi 29 mars, 18h30, Metropolitan Filmexport, 29 rue Galilée dans le 16e à Paris avec quelques autres privilégiés j'ai pu découvrir en avant-première ce film dont je vous ai tellement parlé dernièrement. Vous pouvez d'ailleurs découvrir ci-dessous des photos prises à l'arraché avec mon téléphone portable à la sortie du film dans les locaux de la maison de production, histoire de vous donné une idée. Je sais, les images ne sont pas géniales mais cela donne déjà une idée, surtout de la salle de projection avec ses fauteuils de cuir forts confortables. Au final, je ne sais s'il y avait beaucoup de journalistes. Nous étions une quinzaine de personnes en tout et pour tout, pour la plupart des jeunes, dont certains qui visiblement avaient déjà eu l'occasion de voir le film une première fois et quelques hommes seuls (peut être les "vrais" journalistes). La silhouette féminine qui déambule devant mon objectif sur deux clichés n'est autre que Maggy, ma +1 de la soirée, fan de films de super-héros tout comme moi. Merci ma Greluche de m'avoir accompagné !

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Synopsis (AlloCiné) : Dave Lizewski est un adolescent gavé de comics qui ne vit que pour ce monde de super-héros et d'incroyables aventures. Décidé à vivre son obsession jusque dans la réalité, il se choisit un nom – Kick-Ass – se fabrique lui-même un costume, et se lance dans une bataille effrénée contre le crime. Dans son délire, il n'a qu'un seul problème : Kick-Ass n'a pas le moindre super-pouvoir... Le voilà pourchassé par toutes les brutes de la ville. Mais il s'associe bientôt à d'autres délirants copycats décidés eux aussi à faire régner la justice. Parmi eux, une enfant de 11 ans, Hit Girl et son père Big Daddy, mais aussi Red Mist. Le parrain de la mafia locale, Frank D'Amico, va leur donner l'occasion de montrer ce dont ils sont capables...

Je vous préviens cette critique sera longue (à la manière de celle d'Avatar) mais que voulez-vous, quand j'aime un truc je deviens très vite passionnée, à l'excès parfois. Sérieusement lisez-là jusqu'au bout, j'espère alors réussir à vous communiquer mon enthousiasme, toujours intact même après visionnage. Ce qui n'est pas une mince affaire quand on attend un film depuis si longtemps, la déception est souvent au rendez-vous. La dernière en date, Alice façon Burton, mais c'est un autre débat que nous aborderons prochainement.

Beaucoup ont comparé ce film à une sorte de Tarantino pour ados et c'est bloodyment vrai. Le réalisateur Matthew Vaughn (Layer Cake, Stardust) a d'ailleurs en commun d'avoir eu les moyens financiers (grâce à des fonds personnels et son entourage notamment Brad Pitt par le biais de sa société de production PlanB) de faire le film qu'il voulait, indépendamment des studios trop frileux qui souhaitaient changer toute l'histoire. Et cela est suffisamment rare pour le signaler. Seul une poignée de réalisateurs peuvent se permettent ce genre d'exploits.
The Dark Knight et Watchmen avaient déjà ouvert la voix au film de super héros transcendant le genre par sa noirceur et son pessimisme sur la race humaine auto-destructrice par essence, devenant même des films à part entière, sans étiquette : des petits chef-d'œuvre. Kick-Ass comme ses précurseurs, traite de super-héros sans super-pouvoirs. Certes Bruce Wayne est riche comme crésus et les Watchmen sont eux aussi plutôt bien équipés mais ils restent néanmoins humains (exception faite de Dr. Manhattan) sans aucune modification génétique quelle qu'elle soit.
Nous atteignons alors un virage dans l'histoire de l'adaptation cinématographique de comics, plus sombre, sans pour autant perdre le public en cour de route. En témoigne le phénomène The Dark Knight qui fait dores et déjà partie des plus grands succès de l'histoire du cinéma (hausse du prix du ticket de cinéma mise à part) malgré son traitement très adulte de l'histoire de Batman qui déjà à la base a toujours été plus sombre (cf le costume) et solitaire que ses autres acolytes. Le réalisateur et le casting de prestige sont bien loin des standards habituels. Nous avons alors enfin le sentiment d'être pris au sérieux, nous spectateurs aimant ce genre à part. Ce ne sont plus des films pop-corn sans fond ni forme (Les Fantastic Four, Elektra, Superman, X-Men 3...) qui ont usés le genre jusqu'à l'os, nous prenant vraiment pour des cons (avec un porte monnaie) en pensant qu'une avalanche d'effets spéciaux et des acteurs au physique (proportionnel au talent) d'un mannequin (Brandan Routh c'est à toi que je m'adresse, ex-Superman qui pollue maintenant ma série Chuck par ton incapacité évidente à savoir jouer la comédie) suffiraient à nous faire venir au cinéma.

C'est dans ce contexte que nous découvrons donc Kick-Ass et la première chose qui me vient à l'esprit est la qualité de la réalisation et du montage qui m'ont agréablement surprise. Certes nous ne pouvons éviter quelque passages à vide durant les 1h50 de film mais vue que je connaissais déjà les tenants et aboutissants de l'histoire au travers de la version papier je n'avais pas de quoi m'ennuyer. Le choix des musiques est également fort judicieux. Je pense notamment au combat final de Hit-Girl sous fond de Bad Reputation de Joan Jett qui lui sied à merveille, ou encore la reprise du thème du film 28 jours plus tard In The House - In a Heartbeat (composé par John Murphy) dans une scène incroyable de brutalité façon jeux vidéo avec les lunettes de vision nocturne. Le film n'épargne rien à l'ado en fleur : des scènes de matage de nibards/masturbations (assurant les recettes de la marque Cleanex pour longtemps) aux râteaux auprès de la gente féminine ou les après midi de folie au comics store. Les amis geek du héros ne sont pas en reste et apportent des moments très drôles et certaines répliques déjà cultes :
- I'm in love with her dude. - She's like 10 years old.

- I don't care. I can wait. I'll stay virgin for her.
Le film traîte des super-héros et sait jouer avec les codes de la BD ou même des différentes adaptations ciné qui sont passé sous nos yeux avec plus ou moins de succès. Entre le costume de Big Daddy, copie quasi conforme de celui de Batman mais dont ils en usent et abusent dans le film créant des quiproquos qui peuvent coûter très cher. Red Mist et sa voiture qu'il a surnommé la Mist Mobile en clin d'œil à la Batmobile.
Ou encore Hit-Girl, sorte de clone de la mariée de Kill-Bill jusqu'à la pointe de ses sabres, sans parler d'une séquence flashback sur le passé du père et sa fille sous forme de comics en 2D/3D (animé par John Romita Jr., le dessinateur officiel de la version papier), d'où la référence à Mister Tarantino.
La référence à Peter Parker clamant dans Spider-Man With great powers come great responsabilities devient dans Kick-Ass From no power, come nos responsabilities. En bref on en a rien à rien et foutre et on fait comme bon nous semble... ou presque. Et c'est ce détachement qui est une véritable bouffée d'aire frais. Le héros n'essaye justement pas de devenir un héros. Il veut juste aidé son prochain, parce qu'il s'ennuie et non à cause d'un quelconque passé torturé. Il nous oblige à nous questionner sur notre façon de nous comporter dans ce genre de situation, lors de son deuxième combat alors qu'il prend la défense d'un homme seul face à trois assaillants :
- What's wrong with you? Are you crazy?

- You are three against one, they're watching without doing anything and I'm the crazy one?
Cependant, l'absence de pouvoirs fait que les coups sont beaucoup plus difficiles à supporter, sans parler des coups de couteau et autre voiture en folie. Ce qui donne droit au héros de passer par la case hôpital avec plaque métallique dans le crâne, et autre parties du corps en prime : I'm a fucking Wolverine, clin d'œil au charismatique personnage de X-Men.
Le film joue avec tous ces codes et les retourne à son avantage pour nous divertir au maximum. Et tout le monde jure comme un charretier, même la petite de 11 ans et c'est fout ce que cela peut être libérateur en accentuant le côté réaliste des personnages. Aucune difficultés pour s'identifier à eux, ils sont comme nous. Aussi paumé et destructeur qu'un humain normalement constitué peu l'être.

Pour ce qui est des acteurs : Chloe Moretz qui interprète Mindy Macready aka Hit-Girl, comme dans la BD, elle vole parfois la vedette au rôle titre. Il faut dire que l'actrice fait preuve d'une grande maturité pour son âge. Ce que l'on avait déjà pu constater dans le film 500 Days of Summer où elle était brillante en petite sœur donneuse de morale, plus adulte que tous les autres réunis.
Nicolas Cage dans le rôle de son cher père est plutôt bon, et cela est suffisamment rare pour être signalé. Il faut savoir que l'acteur, fan de comics, s'est impliqué très tôt dans le film. Son interprétation du papa quelque peu siphonné qui élève sa petite fille façon arme ultime de destruction massive est jubilatoire au même titre que son rire auquel j'adhère à chaque fois.
Mark Strong est aussi terrifiant que barge dans le rôle du parrain de la pègre locale alias Frank D'Amico qui est encore plus développé que dans la BD. Ce personnage est cent fois plus intéressant que son interprétation du bad guy dans Sherlock Holmes.
Aaron Johnson aka Kick-Ass s'en sort plutôt bien face à tout ce beau monde, mieux que je ne l'aurais pensé. Et ces amis geeks savent se montrer très drôles en peu de scènes ce qui est tout à leur honneur.
Seul bémol, la gonzesse alias love interest du héros auquel je n'ai pas réussi à adhérer. Peut être parce qu'elle est trop jolie ou tout simplement parce que contrairement au bouquin elle tombe dans les bras de Dave. J'aurais adoré qu'elle l'envoi chier dans les grande largeurs comme dans le comics. Cela aurait pour le coup été un total contre pied à ce que l'on ai habitué de voir parce que dans la vie le mec n'arrive pas toujours à avoir la fille. De plus, j'ai trouvé que les scènes "romantiques" ralentissait l'histoire et apportaient un léger côté cucul à l'intrigue. Cependant c'est vraiment pour se monter tatillon parce qu'il faut bien reconnaître que leur relation n'a rien de balades romantiques mais au contraire peu se monter très brute de décoffrage au détour des poubelles par exemple.

En bref, si vous êtes fan de la BD : bien sûr certaines choses ont changé vue que c'est la première fois qu'une adaptation d'un comics est réalisée alors même que la version papier n'en était qu'à ses premiers numéros (sur huit à l'heure actuelle). Mais rassurez vous, le scénario a été écrit en collaboration avec Mark Millar, le créateur donc parfois les changements sont pour le mieux, histoire de rendre tout ceci plus cinématographique comme par exemple les parties sanglantes de l'histoire qui ne pouvaient être aussi importante dans le film. Pour ma part certains passages papier étaient à la limite du tolérable, alors sur grand écran, non merci.
Et pour ceux qui n'ont pas lu la BD, aucune inquiétude, cela ne vous empêchera en rien d'apprécier l'histoire, les fucking words et autres giclées de sang en veux tu en voilà.
Ne boudez pas votre plaisir. Le 21 avril prochain allez voir ce film, sorte de Superbad tarantinesque. Ceux qui ont vue ce film ne peuvent avoir oublié Mc Lovin alias Christopher Mintz-Plasse qui ici interprète Chris D'Amico, plus connue de Kick-Ass sous le nom de Red Mist.

BONUS :
Après vous avoir présenté le mois dernier le poster officiel français mettant en scène Kick-Ass, voici les trois autres super-héros-sans-pouvoirs qui l'accompagnent.

Et pour finir une vidéo amateur montrant que finale Kick-Ass ne vivrait pas à NYC mais plutôt à Berlin... See yourself.