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Croquis du dimanche, silhouettes d’ailleurs et d’ici: Taykeo tisse l’histoire du Laos avec des fils d’or

Publié le 03 avril 2010 par Chantalserriere

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Pour Taykeo, l’histoire très ancienne du Laos ne se raconte pas. Elle se tisse, comme le lui a montré sa mère.

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Le maillage de fils de soie et d’or sorti de ses ateliers de Vientiane, évoque des nagas entrelacés, ces  fameux serpents-dragons qui peuplent les eaux du Mékong.

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Ce sont eux qui ont engendré le peuple lao et assuré sa prospérité. dans les siècles passés. Si le graphisme du tissage vous paraît tout simplement géométrique, cherchez ailleurs. Observez les têtes et les queue pointues. Le symbolisme est évident…

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J’ai rencontré Taykeo par hasard. L’avant-dernier jour de notre séjour à Luang Prabang . Petite femme ronde, aux longs cheveux noirs.  Elle se tient en haut des marches de l’escalier menant à une villa en rénovation. Comme nous passons en levant le nez, elle nous invite à visiter ce qui sera demain une galerie et une maison d’hôtes. Bois de teck et bois de rose. Balcon donnant sur le fleuve.

Taykeo parle français, tandis que sa fille, comme tous les jeunes gens de sa génération, a opté pour l’anglais. Dans les années 60, elle a fait toutes ses études secondaires chez les soeurs à Vientiane. Baccalauréat. Etudes à la Sorbone au moment de la grande fuite du pays , à l’arrivée du nouveau régime.

Un jour elle est revenue au pays, avec son mari, architecte. Il a été étudiant à Lyon. Lyon , justement, d’où venaient les fils d’or tissés avec la soie du Laos , autrefois. Taykeo se bat pour transmettre la tradition. Sa mère tissait les étoffes qu’on portait aux grandes cérémonies. Ce sont des pièces de musée à présent, qui avec d’autres plus anciennes, seront peut-être un jour exposées au musée Guimet . Taykeo a entrepris des démarches dans ce sens.  Sa fille étudie la comptabilité au Japon. Demain, elle pourra l’aider dans sa folle entreprise: retenir le temps, lourd du savoir-faire de lointaines générations et le transmettre aux tisseuses d’aujourd’hui. Afin que l’histoire du Laos continue à se lire  demain et après-demain, sur les brocards d’or de ses étoffes somptueuses.

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Photos G. Serrière 

A suivre la semaine prochaine: L’enfant des temples


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