De la guerre, célèbre livre de Carl Von Clausewitz ne m’a laissé que de bons souvenirs. Je l’ai lu à l’âge de 24 ans sur les bons conseils de l’écrivain Patrick Rambaud. Il voulait me mettre en garde contre les fourberies que la vie parfois peut, parfois, vous faire rencontrer. Je viens de le feuilleter à nouveau récemment. Avec 20 ans de plus, De la guerre, est devenu pour votre serviteur un livre de recettes managériales. Il est question de stratégie, de rapports de forces, de tensions, de manipulation… tout y est. Ce général, en près de 300 pages, décrit une stratégie de l’action.
Une guerre pour la gagner, il faut d’abord vouloir la gagner. En le feuilletant, je découvre cette phrase, je vous la livre : « (…) Une âme forte n’est pas celle qui est seulement susceptible de fortes émotions, mais bien celle qui conserve son équilibre malgré les plus fortes émotions, de sorte que, nonobstant la tempête renfermée dans leur sein, l’intelligence et la conviction conservent toute la délicatesse de leur jeu, semblables à l’aiguille de la boussole sur le navire ballotté par une mer furieuse ». En ces temps difficiles, cette phrase de Von Clausewitz ma va bien. Il nous faut des dirigeants à l’âme forte. Pas évident…
En revanche, je ne connaissais pas une autre bible : L’Art de la guerre écrit par Maître Sun Tzu au sixième siècle avant Jésus-Christ. La collection Master Class chez Maxima Editions (18,50 euros TTC) en offre une version commentée par K.McCreadie. Je me méfie de ces livres que l’on achète dans une gare pour passer le temps… il y a tellement de (vrais) livres à lire et qu’on ne lit pas… bon bref, je ne suis pas déçu par mon achat. C’est très sympa à picorer, d’autant que tout est fait à votre place, c’est classé par leçon, maxime, explication et cas pratiques. Que demandez de plus ! Il ne nous reste plus qu’à lire. J’ai picoré trois leçons pour vous. Il y en a d’autres, mais ces trois là résument me plaisent en toute subjectivité :
Leçon 3. Promouvoir les vertus de leadership. « J’entends par commandement, l’équité, l’amour pour ceux en particulier qui nous sont soumis et pour les hommes en général ; la science des ressources, le courage et la valeur, la rigueur ».
Leçon 30. Transformer les coups durs en opportunités. « Un bon général ne doit jamais dire : Quoi qu’il arrive, je ferai telle chose, j’irai là, j’attaquerai l’ennemi, j’assiégerai telle place. La circonstance seule doit le déterminer ; il ne doit pas s’en tenir à un système général, ni à une manière unique de gouverner. Chaque jour, chaque occasion, chaque circonstance demande une application particulière des mêmes principes. Les principes sont bons eux-mêmes ; mais m’application qu’on en fait les rend souvent mauvais ».
Leçon 40. Ne pas prêcher par abus de bonté. « Je dis que vous devez aimer tous ceux qui sont sous votre conduite comme vous aimeriez vos propres enfants. Il ne faut pas cependant en faire des enfants gâtés ; ils seraient tels, si vous ne les corrigiez pas lorsqu’ils méritent de l’être, si, quoique, plein d’attention, d’égards, et de tendresse pour eux, vous ne pouviez pas les gouverner, ils se montreraient insoumis et peu empressés à répondre à vos désirs ».
Rien qu’avec ces trois leçons, nous pourrions disserter pendant des heures et passer à la moulinette nos vies managériales.
Je reviens avec vous sur la leçon 30. Elle explique la raison pour laquelle je combats la notion d’accompagnement au changement et préfère, de loin, celle plus dynamique et réelle, d’anticipation au changement.
Il faut avoir la capacité de se remettre en question quand on est dirigeant et prendre les bonnes décisions… au bon moment… C’est le plus difficile…
Un langage de guerrier pour évoquer son propre management et celui de ses équipes ne me gêne pas. On ne vit pas seulement d’amour et d’eau fraîche. Loin du « vert paradis des amours enfantines » de Baudelaire, bonne lecture et n’oubliez pas un dirigeant doit d’abord être en guerre… avec lui-même !