Bientôt, tout le monde aura entendu parler de Cheval Blanc et trop peu l’auront écouté. Avouez que c’est jaunement risible. Un hippopo-drame en quelque sorte.
L’absence de montre à mon poignet depuis une douzaine d’années n’y change rien, certaines idées saugrenues m’apparaissent désormais comme étrangement envisageables. Se reproduire, gagner de l’argent honnêtement, dire à ses parents qu’on les aime, et jouer avec des enfants donc. Banal song. Pareil, plus le temps passe et plus les constats prennent de la place dans ma cornée usée. L’évidence de n’être l’homme que d’une seule femme. Que certaines ambitions doivent être archivées avant la fin de l’exercice. Certaines idées reçues sont retournées à l’envoyeur. Que voulez-vous, les gens qui m’aiment bien me le disent à présent, et les femmes qui me regardent ne sont pas celles que j'avais repérées moi-même. Les rendez-vous de plus en plus fréquents chez l'ophtalmo n'y changent rien.
Oh, et je radote aussi.
Un jour d’été 2008 étouffant, j’avais eu l’opportune occasion de voir Cheval Blanc s’asseoir devant le blanc piano d’un ami commun. Je rassemblais mes affaires pour lui céder la place dans cet appartement exigu quand il posa des doigts à étrangler la femme qu’on aime sur les touches blanches, elles aussi. Plusieurs minutes après je n’arrivais pas à bouger. C’était A la mort du monde, et j’ai déserté toute forme de jeunesse à cet instant précis.
Aucun historique biographié, aucune comparaison flatteuse ne rendra compte des compétences du Sheller en casquette de marin ni de sa verve au-delà de la poésie. La simplicité de ses aveux n’est pas maquillée au gloss de l’âpre prose prise de tête. Jérome Suzat-Plessy chante et la lande s’enflamme, terre brouillée. Le romantisme deux barils de rouge offerts pour un baril de noir n’a pas cours ici ; c’est juste que l’écorché a plus conscience quand le vent souffle sur son absence de peau.
Non vous ne trouverez pas l’album trop sombre, pour la bonne raison que vous n’écouterez pas ce disque. C’est triste mais c’est ainsi ; n’est pas Christophe Maé qui veut. Mais je crois que ceux qui auront écouté ce premier Révélations se reconnaîtront par l’éclat un peu passé de leurs yeux.
Le printemps est venu, et avec lui l’indolence des brises vivifiantes. Nous nous résoudrons bientôt à ne vivre que cette vie, et peut être à cause ou grâce à cela, nous aimerons de plus en plus Cheval Blanc. Que veux tu que je te dise.
Cheval Blanc The art of the Démo 1 // Révélation // Bruit Blanc
http://www.myspace.com/22chevalblanc