Trouver un second souffle

Trouver un second souffle. Comme les coureurs de fond arrêtés par le paysage. Comme les nageurs aux poumons suffocants. Résister à l'ennui qui monte du chemin.

Ecrire, donc. Encore. Ce n'est pas que les mots me manquent. Mais ils ont trop rebattu ma fatigue.

Ecrire par exemple une conversation entre Emily L. et Noémie L. Aller de cette souffrance qui n'a plus sa douleur à cette joie éclatante dont les contours sont un visage.

Oui. Ecrire cela. Ou établir des listes. Comme Shonagon ou Dantzig en pensant à Perec.

Endormir la langue. Qu'elle macère un temps dans l'inavouable, dans "la part maudite". Mais je ne suis ni Bataille ni Artaud et même pas Tartempion.

Tartempion ne fait pas peur à Emily L. Tartempion n'effraie pas Noémie L. Alors que moi si. C'est que mon chemin est jonché d'ornières troubles. C'est que d'obscures frondaisons se couchent sur mon paysage. Et mes mots dans la poisse entêtent les cerveaux délicats.

Disparaître alors. Dans un autre nom qui modèlerait une autre silhouette à l'orée des portes que j'ouvre et ferme avec un soin méticuleux.

Mais je suis déjà portier.

Portier me plaît comme nageur me plaît.

J'ouvrirai demain mes deux battants de vieux chêne à Noémie L. mais c'est Emily L. qui me poussera dans les flots.

Je m'allongerai sur le corps de l'eau, je boirai jusqu'à l'ivresse les tremblements du ciel et mon paysage enfin debout sortira de ma gorge des mots apprêtés au chant.