Le dernier débat public n'a rien changé. Marco Rubio est bien installé en tête de la primaire républicaine pour le Sénat. Il enregistre des soutiens de plus en plus nombreux.
En août 2009, Marco Rubio avait 30 points de retard sur Charlie Crist en Floride.
Début février 2010, il égalise. Fin février 2010, il mène de 10 points et il est même question d'un retrait de Charlie Crist.
Marco Rubio a 38 ans. Son père était barman et sa mère serveuse. Ce sont des réfugiés cubains. Il a fait ses études grâce à une bourse sportive car talentueux joueur de football US. Dans ce cadre, il a rencontré Jeanette, ancienne pom-pom girl. Ils sont mariés et ont quatre enfants.
Voilà un parcours de "vraie vie". Il incarne les candidats qui luttent contre le "radical chic", qui savent parler aux classes moyennes parce qu'ils ont un parcours qui n'est ni celui des "héritiers de la République" ni des professionnels de la politique, deux catégories coupées des réalités de la vie quotidienne et qui aspirent toujours à parler de sujets qu'elles connaissent si peu.
Un triple mouvement se profile dans plusieurs Etats à l'exemple de la Floride :
- un besoin de neuf qui emporte les notables classiques dès qu'une autre offre est mise en compétition,
- un discours entièrement axé sur les questions du quotidien,
- la course au changement. Ce mot devient un tel sésame qu'il pourrait incarner à l'excès une sorte de fuite en avant de l'ensemble de la classe politique.
C'est une brèche dans l'équilibre entre les modérés et les plus conservateurs.
En 2007, les votes locaux étaient des votes anti-guerre. En 2010, ils sont des votes anti-crise.
La révolte des endettés, la mise en cause des élites politiques accélère la contestation des notables dès qu'une offre nouvelle leur est opposée Marco Rubio incarne le new-look conservateur. La crise a envoyé Obama dans le camp du "socialisme régulateur". Les conditions de cette redistribution inquiètent. La fiscalité fédérale pourrait subir une progression importante.
Mais surtout, le Parti Démocrate perd en même temps la bataille des préoccupations morales : responsabilité des élites, relations avec les milieux financiers …
Le new-look conservateur trouve là ses deux socles.
Il engage la bataille contre le pouvoir fédéral et il défend des convictions morales fondées sur les droits des individus.
Dans ce contexte, certains conservateurs vont très loin en agitant la thèse d'une conspiration étatique, financée par Wall Street, orchestrée par des intellectuels socialistes et font état d'une sorte de complot. C'est souvent la thèse de mouvements populistes comme le Tea Party.
Washington incarne le mal. "L'air y serait corrupteur". Il faut donc se ressourcer dans "la vraie Amérique".
Ce raisonnement anti-Washington gagne du terrain. Lors de la table ronde sur la réforme de la santé, même un modéré comme McCain a repris cette vague en demandant à Obama ce qu'était devenue la promesse de "changer Washington".
Pour l'instant, face à cette vague, Obama est sur la défensive. Sa ligne de défense est seulement : le délai est trop court pour juger des résultats. Il se retranche derrière un facteur temps.
C'est fragile parce que l'opinion veut tout et tout de suite. Par conséquent, la réponse d'Obama est perçue comme une dérobade. C'est justement cette image qu'il veut changer.
En attendant, la nouvelle génération marque des points. Elle fait naître l'espoir et surtout le sentiment qu'un mandat d'Obama "serait suffisant". Elle veut réconcilier l'éthique et la technique. Elle veut allier morale et efficacité.
Elle aborde 2010 en position de force et Marco Rubio s'installe comme l'un de ses leaders emblématiques.