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Black bazar

Par Clarinette
blackbazar-1Je n'ai pas eu le courage de lire Verre cassé et Les mémoires d'un porc-épic (prix Renaudot 2006), un peu effrayée par le style sans ponctuation (uniquement avec des virgules) d'Alain Mabanckou. Black Bazar est, semble-t-il, le roman le plus accessible et le plus classique d'Akain Mabanckou.
Le personnage principal est un dandy congolais (du Congo-Brazzaville), adepte de vêtements de grande marque, qui possède une impressionnante garde-robe et évolue dans les quartiers "africains" de Paris entre "Château d'Eau" et "Château-Rouge". Il retrouve régulièrement ses amis, Paul du grand Congo, Roger l'Ivoirien et les autres au Jip's. On le surnomme "le Fessologue" car il est un grand spécialiste de la "face B" des femmes. Sa compagne "Couleur d'origine" le quitte pour "l'Hybride". Notre narrateur trouve refuge dans sa passion pour l'écriture et pour la littérature.  Il trouve conseil chez son ami Jean-Philippe, écrivain haïtien.
Dans ce "Black Bazar" on trouve tout un bric-à-brac qui donne envie de s'y attarder. Des Noirs qui se moquent des plus noirs qu'eux. Un Antillais qui méprise les Africains. Des pro et anti-colonialistes. Un "Arabe du coin" qui donne des leçons de morale.  De nombreuses allusions au "chanteur de Sète" ou "chanteur à moustaches". Et bien d'autres trésors encore...
Alain Mabanckou aime les mots et les fait chanter, sa langue est tellement rythmée et musicale que l'on croit entendre les accents des uns et des autres. Son personnage se moque de lui-même et de ses congénères, pointe souvent le doigt sur les incohérences et les absurdités de notre société, sur nos clichés et sur nos lieux communs. Je classe Black Bazar parmi mes coups de coeur pour le plaisir jubilatoire que j'ai eu à le lire.
extrait : "Ecoute mon gars, sois réaliste ! Laisse tomber tes histoires de t'asseoir et d'écrire tous les jours, y a des gens plus calés pour ça, et ces gens-là on les voit à la télé, ils parlent bien et quand ils parlent y a un sujet, un verbe et un complément. Ils sont nés pour ça, ils ont été élevés dans ça, alors nous autres les nègres, c'est pas notre dada, l'écriture. Nous c'est l'oralité des ancêtres, nous c'est les contes de la brousse et et de la forêt, les aventures de Leuk-le-lièvre qu'on raconte aux enfants autour d'un feu qui crépite au rythme du tam-tam. Notre problème c'est on n'a pas inventé l'imprimerie et le bic, on qu'on sera toujours les derniers assis au fond de la classe à s'imaginer qu'on pourrait écrire l'histoire du continent noir avec nos sagaies. Est-ce que tu me comprends ? En plus on a un accent bizarre, ça se lit aussi dans ce que nous écrivons, or les gens n'aiment pas ça. D'ailleurs il faut avoir un vécu pour écrire. Et toi, qu'est-ce que tu as comme vécu, hein ? Rien ! zéro ! Moi par contre, j'aurais des choses et des choses à raconter par ce que je suis un métis, je suis plus clair que toi, c'est un avantage important. Si je n'ai pas encore écrit une seule ligne à ce jour c'est que le temps me manque. Je me rattrapperai quand je serai à la retraite dans une belle maison en pleine campagne, et le monde entier saura ce qu'est un chef- d'oeuvre !"
smil-titcoeur.gif smil-titcoeur.gif smil-titcoeur.gif smil-titcoeur.gif Black Bazar, Alain Mabanckou, Points, 265 pages.
lu aussi par : Lo, A_girl_from_earth


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