Les crises à venir à la merci de l'occultation des faits

Pourquoi la phrase  d'Eric Zemmour sur Canal + "les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est un fait"  a-t-elle déclanchée une telle levée de bouclier ?

Notre société a pris l'habitude d'être baignée dans un océan de confort et de liberté qui place l'émotion comme valeur et filtre premiers de notre perception du monde. Le registre des faits n'a plus droit au chapitre ! La réalité du réel, de l'expertise, du vérifiable ont injonction de s'effacer devant la réalité du perçu, du ressenti, de l'acceptable. Observer les faits pour chercher à comprendre a moins d'intérêt qu'interpréter les faits pour chercher à juger.

Cette attitude bien pensante qui consiste à s'efforcer, dans le meilleur des cas, d'être gentil, plutôt que d'être vrai, conduit à toutes les perversions et ouvre le champ à toutes les manipulations. Il y a là une démission de notre responsabilté humaniste et  la soumission à une forme de tyrannie émotionnelle qui s'accorde parfaitement avec la dictature de l'instant dans laquelle se fond progressivement notre valeur temps.

Cet exemple de "l'affaire Zemmour" , qui va jusqu'à envisager des poursuites en justice à l'encontre du journaliste  pour avoir énoncé des faits, illustre les dangers que représente pour notre société le refus de se confronter au réel. C'est ce qui nous rend d'autant plus fragiles aux crises à venir. L'expérience nous a montré que les crises n'arrivent jamais par hasard. Elles sont toujours le fruit d'un processus accompagné d'une kyrielle de faits annonciateurs. L'urgence n'est -elle pas d'apprendre à se donner la capacité et le courage de les lire ?