Magazine France
152ème semaine de Sarkofrance : Sarkozy va-t-il survivre au sarkozyme ?
Publié le 03 avril 2010 par Juan
La question est posée. Cette semaine, le Monarque s’est échappé aux Etats-Unis pour retrouver un peu de stature présidentielle auprès de son homologue américain. En France, le camp majoritaire s’est donné à cœur joie de casser un peu plus les dogmes sarkozyens. Après la lutte contre l’insécurité (son « ADN » électoral), la revalorisation du travail, la réforme pénale, la défense de l’environnement, voici le paquet fiscal qui a été sérieusement attaqué.
Voyage privé, bling bling à tous les étages
La mise en scène était énorme et rodée, la rencontre artificielle et inutile. Nicolas Sarkozy, tel «un petit garçon» comme l'avait qualifié Patrick Poivre d'Arvor un 14 juillet de 2007, avait insisté, tapé du pied pour avoir son dîner chez les Obama. Il l'a eu. Pour habiller l'évènement, il s'est rendu avec une trentaine d'heures d'avance à New York, pour flâner avec son épouse, l'embrasser devant les caméras, et discourir une vingtaine de minutes à l'université de Columbia comme s'il s'agissait de l'enceinte de l'ONU.de son côté, l'Elysée mettait en ligne, dès lundi, une nouvelle version toute moderne du site internet de la Présidence, un copié-collé efficace, narcissique et ridicule du site de la Maison Blanche.
Nicolas Sarkozy lundi représentait la France, et la presse américaine a retenu la machine à Nespresso qu'il exigea, le sac à main Dior de Carla Bruni, et la mauvaise boutade sur le retard américain à se doter d'une assurance maladie digne de ce nom. Le lendemain, Barack Obama, flegmatique, lui a tout donné: sourire, écoute, (fausse) convivialité. Le New York Times s'est ensuite demandé quelle facture Sarkozy allait devoir régler, maintenant qu'Obama avait tenté de redresser la stature présidentielle d'un Monarque français fatigué et déconsidéré dans son pays.
En France, son secrétaire d'Etat à la Coopération s'est fait épinglé pour un voyage en jet privé à 116 000 euros pour cause d'emploi du temps chargé. Un autre de ses collègue avait aussi préféré le confort d'un voyage luxueux à 138 000 euros pour rejoindre illico Paris depuis Washington, et assister à un cocktail à l'Elysée avec Nicolas Sarkozy. En Sarkofrance, les efforts ne sont pas pour tout le monde.
Bouclier fiscal contre bouclier électoral
En France, les élus UMP ont peur, pour leur poste. Jean-Pierre Raffarin sénateur et ancien premier ministre, pourtant fidèle soutien du Monarque a qualifié d'impasse institutionnelle la situation de Sarkozy. Les sondages se suivent et se ressemblent: la popularité de Sarkozy est au plus bas. Le dernier le place à 28% d'opinions favorables. Quand il n'était qu'à 40%, les conseillers et proches du Monarque répétait que ce n'était pas si terrible que cela. Le Monarque touche le fond, mais ne le réalise pas. Son impopularité stimule les vocations. Alain Juppé se déclare candidat aux primaires, et affiche son doute quant au maintien du bouclier fiscal qui épargne les "très riches" en pleine crise. Copé reconnaît s'interroger, lui qui était ministre du Budget quand il fut créé sous Jacques Chirac. En 2009, le dit bouclier a coûté 585 millions d'euros pour 16 000 foyers, et 979 d'entre eux (6%) ont récupéré 63% des sommes. Pour 2010, François Baroin a laissé entendre sur Europe1 qu'il pourrait s'élever à « 650 à 700 millions d’euros » (soit 20% de plus qu'en 2009...)
Les inégalités de revenus se sont rappelées au (mauvais) souvenir de tout le monde en fin de semaine. L’INSEE a publié deux études, au pire moment pour Nicolas Sarkozy. L’une, sur les très hauts salaires du secteur privé, révèle qu’en 2007, 1% des salariés à temps complet les mieux rémunérés touchaient ainsi 7 fois plus que la moyenne, soit 215 600 euros bruts par an. Cet écart s’est aggravé depuis le début des années 1990, à cause de la mondialisation. Cette dernière pénalise le bas de l’échelle, concurrencée par les bas salaires des pays pauvres ou émergents. Le constat percute l’argument sarkozyen de la campagne électorale de 2007 selon lequel on ne pouvait pas s’enrichir en France à cause des multiples freins fiscaux et sociaux. Entre 2004 et 2007, le nombre de personnes dépassant les 100.000 euros de revenus annuels a crû de 28%, et celui dépassant les 500.000 euros de 70%. Qui dit mieux ? Un économiste de Natixis interrogé par l’Expansion a une formule fameuse : « les inégalités de revenus se situent au niveau d'avant la crise de 1929 ». La crise depuis 2008 n’a rien arrangé, bien au contraire.
L’autre étude, sur les revenus et patrimoine des ménages, est autrement plus dérangeantes. L’attaque contre le bouclier fiscal n’en est que plus sévère. Ce dernier amplifie ces inégalités. De surcroît, il se calcul sur le revenu net, c'est-à-dire après allègements divers et variés rendus possibles par toutes sortes de niches fiscales, un point relevé par Ségolène Royal cette semaine sur CANAL+.
Un programme attaqué de toutes parts
Une à une, les contreréformes sarkozyennes ont été ou sont mises à mal. Le paquet fiscal de l'été 2007 est attaqué de partout. Il ne représente pourtant que 7,2 milliards d'euros par, et non 13 à 15 milliards comme annoncé imprudemment en 2007. La défiscalisation des heures supplémentaires a été coûteuse, contre-productive et finalement anachronique. Quand nous l'écrivions en 2008, nous étions traités d'anti-sarkozystes primaires et frileux devant les réformes. Les heures supplémentaires, à 727 millions en 2008, représentaient l'équivalent de 466 000 emplois à temps complet. Leur défiscalisation partielle a coût 3 milliards d'euros au budget de l'Etat. Connaissez-vous une politique de soutien du travail aussi destructive d'emplois ? Cette semaine, l'exacte même critique est venue de Jean Arthuis, sénateur centriste : «l'exonération n'a eu aucun effet sur le volume d'heures supplémentaires. Cette mesure (...) est une usine à gaz pour contourner les 35 heures.»
Même la défiscalisation des intérêts d'emprunt immobilier a été un cadeau inutile : la pénurie de logements a bloqué les prix de l'immobilier à un niveau hors d'atteinte pour l'immense majorité des ménages: de janvier à juin 2008, les crédits immobiliers ont quand même chuté de 11%. La crise financière, en fragilisant les revenus et le crédit disponible, a achevé le dispositif. Gilles Carrez, rapporteur UMP du budget à l'Assemblée Nationale, en a fustigé le coût: 280 millions d'euros en 2008, un milliard en 2009, 1,5 milliard en 2010 et près de trois milliards en 2013. « Dans les circonstances actuelles, ce n'est pas très raisonnable» a-t-il commenté.
Nombre de cadeaux fiscaux sont enfin dans la ligne de mire des critiques, à droite comme à gauche : la baisse de la TVA pour la restauration (3 milliards d'euros par an, pour sauver 50 000 emplois, soit 60 000 euros par an et par emploi), l'imposition réduite des bons et contrats de capitalisation et d'assurance-vie (3 milliards d'euro), le crédit d'impôt recherche (4 milliards d'euros), le taux réduit de TVA à 5,5% pour les travaux dans les logements de plus de deux ans (15,5 milliards d'euros), etc.
Mercredi, le Monarque a reçu une grosse centaine de parlementaires de l'UMP: «Ne touchez pas au bouclier fiscal.» Sarko lâche quand même : «Si on y touchait, je choisirais moi-même le terrain, le moment et l’enjeu.» Il n'entend pas les critiques, et reste accroché à ses totems idéologiques. Il surprend Fillon et Copé en annonçant qu'il recevrait désormais ses parlementaires tous les mois pour «débriefer.» L'UMP est plus que jamais sous tutelle. Mais la bataille contre le bouclier fiscal ne fait que commencer.
Obstination migratoire
Mercredi, Eric Besson a présenté en Conseil des Ministres un projet de loi, le cinquième en 7 ans, renforçant les conditions de rétention et d’éloignement des sans-papier: les zones de détention sont étendues à n'importe quel lieu où sont arrêtés les sans papiers. L'administration validera en premier la légalité de l'expulsion éventuelle. Le juge des libertés et de la détention (JLD) ne pourra être saisi qu'après, dans un délai raccourci, pour se prononcer sur la poursuite ou non de la détention et la légalité de l'interpellation. On expulse d'abord, on juge ensuite. Bravo ! Le tribunal administratif pourra même prononcer « une interdiction de retour sur l'ensemble du territoire européen d'une durée maximale de cinq ans ». La durée maximale de rétention administrative sera portée de 32 à 45 jours. Besson s'abrite derrière les réglementations plus restrictives de certains de certains voisins européens.
Comme le notent Martine Billard, Noël Mamère, et Sandrine Mazetier, dans une tribune publiée par Le Monde mercredi 31 mars, la politique migratoire est l’un des rares terrains où aucun audit général de ses moyens, missions et réalisations n’a été effectué. L’environnement a eu son Grenelle, les retraites auront leur « débat », le Grand Emprunt ou la taxe carbone ont eu leurs commissions d’experts. On pourrait multiplier les exemples où la « concertation », « l’audit » et le « débat » ont été portés aux nues par Nicolas Sarkozy. L’immigration, comme la fiscalité, en sont restés curieusement exemptées, tels des totems idéologiques intouchables. Pourtant, les questions sont nombreuses, et certaines réponses ont été malgré tout obtenues quasi-clandestinement : l’expulsion des clandestins est-elle « rentable » (à près de 30 000 euros le sans-papier) ? Quelle est la contribution économique des travailleurs immigrés, avec ou sans papier, en termes de cotisations, d’impôts et de consommation ? Quel est leur impact réel sur l’emploi ? Décourager le regroupement familial est-il « rentable » ou pas ? Le ministre de l’identité nationale s’abrite tantôt derrière des cas parfois réels mais toujours anecdotiques et non chiffrés (cf les mariages gris), tantôt derrière des menaces fantasmées. Jamais il n'avance d’études précises.
Et le bouclier sécuritaire ?
Une opération coup de poing contre des trafics de drogue à Tremblay-en-France et un mauvais reportage de TF1 ont échauffé les esprits dans cette petite ville de Seine Saint Denis. Un bus est caillassé et un autre incendié à coups de cocktails Molotov. Brice Hortefeux contient sa rage. Il dénonce les petites crapules. Vendredi, Nicolas Sarkozy prévient qu'il veut «intensifier les opérations coups de poings dans les cités sensibles». La médiatisation des actions sécuritaires incite les criminels à médiatiser leurs méfaits. On se croirait dans un mauvais western. Sarkozy ferait mieux de doter la police de moyens. En trois ans, le gouvernement Sarkozy a supprimé plus de 9000 postes de policiers et gendarmes. Il en reste plus de 11 000 à supprimer entre 2009 et 2012 dans les plans gouvernementaux. Hortefeux promet aussi 25 000 caméras de plus dans les trains et les gares. La France compte déjà 400 000 caméras autorisées.
A quoi sert la video-surveillance si on n'a pas assez de personnel derrière les écrans ?
Fiscalité, sécurité, emploi, le programme sarkozyen de 2007 a échoué sur tous les plans. Le Monarque s'accroche encore, et a déplacé toute son action, toute son attention en direction de l'UMP. La campagne de 2012 a démarré, et la France n'a plus de président de la République... avec deux ans d'avance.
Ami sarkozyste, où es-tu ?
Voyage privé, bling bling à tous les étages
La mise en scène était énorme et rodée, la rencontre artificielle et inutile. Nicolas Sarkozy, tel «un petit garçon» comme l'avait qualifié Patrick Poivre d'Arvor un 14 juillet de 2007, avait insisté, tapé du pied pour avoir son dîner chez les Obama. Il l'a eu. Pour habiller l'évènement, il s'est rendu avec une trentaine d'heures d'avance à New York, pour flâner avec son épouse, l'embrasser devant les caméras, et discourir une vingtaine de minutes à l'université de Columbia comme s'il s'agissait de l'enceinte de l'ONU.de son côté, l'Elysée mettait en ligne, dès lundi, une nouvelle version toute moderne du site internet de la Présidence, un copié-collé efficace, narcissique et ridicule du site de la Maison Blanche.
Nicolas Sarkozy lundi représentait la France, et la presse américaine a retenu la machine à Nespresso qu'il exigea, le sac à main Dior de Carla Bruni, et la mauvaise boutade sur le retard américain à se doter d'une assurance maladie digne de ce nom. Le lendemain, Barack Obama, flegmatique, lui a tout donné: sourire, écoute, (fausse) convivialité. Le New York Times s'est ensuite demandé quelle facture Sarkozy allait devoir régler, maintenant qu'Obama avait tenté de redresser la stature présidentielle d'un Monarque français fatigué et déconsidéré dans son pays.
En France, son secrétaire d'Etat à la Coopération s'est fait épinglé pour un voyage en jet privé à 116 000 euros pour cause d'emploi du temps chargé. Un autre de ses collègue avait aussi préféré le confort d'un voyage luxueux à 138 000 euros pour rejoindre illico Paris depuis Washington, et assister à un cocktail à l'Elysée avec Nicolas Sarkozy. En Sarkofrance, les efforts ne sont pas pour tout le monde.
Bouclier fiscal contre bouclier électoral
En France, les élus UMP ont peur, pour leur poste. Jean-Pierre Raffarin sénateur et ancien premier ministre, pourtant fidèle soutien du Monarque a qualifié d'impasse institutionnelle la situation de Sarkozy. Les sondages se suivent et se ressemblent: la popularité de Sarkozy est au plus bas. Le dernier le place à 28% d'opinions favorables. Quand il n'était qu'à 40%, les conseillers et proches du Monarque répétait que ce n'était pas si terrible que cela. Le Monarque touche le fond, mais ne le réalise pas. Son impopularité stimule les vocations. Alain Juppé se déclare candidat aux primaires, et affiche son doute quant au maintien du bouclier fiscal qui épargne les "très riches" en pleine crise. Copé reconnaît s'interroger, lui qui était ministre du Budget quand il fut créé sous Jacques Chirac. En 2009, le dit bouclier a coûté 585 millions d'euros pour 16 000 foyers, et 979 d'entre eux (6%) ont récupéré 63% des sommes. Pour 2010, François Baroin a laissé entendre sur Europe1 qu'il pourrait s'élever à « 650 à 700 millions d’euros » (soit 20% de plus qu'en 2009...)
Les inégalités de revenus se sont rappelées au (mauvais) souvenir de tout le monde en fin de semaine. L’INSEE a publié deux études, au pire moment pour Nicolas Sarkozy. L’une, sur les très hauts salaires du secteur privé, révèle qu’en 2007, 1% des salariés à temps complet les mieux rémunérés touchaient ainsi 7 fois plus que la moyenne, soit 215 600 euros bruts par an. Cet écart s’est aggravé depuis le début des années 1990, à cause de la mondialisation. Cette dernière pénalise le bas de l’échelle, concurrencée par les bas salaires des pays pauvres ou émergents. Le constat percute l’argument sarkozyen de la campagne électorale de 2007 selon lequel on ne pouvait pas s’enrichir en France à cause des multiples freins fiscaux et sociaux. Entre 2004 et 2007, le nombre de personnes dépassant les 100.000 euros de revenus annuels a crû de 28%, et celui dépassant les 500.000 euros de 70%. Qui dit mieux ? Un économiste de Natixis interrogé par l’Expansion a une formule fameuse : « les inégalités de revenus se situent au niveau d'avant la crise de 1929 ». La crise depuis 2008 n’a rien arrangé, bien au contraire.
L’autre étude, sur les revenus et patrimoine des ménages, est autrement plus dérangeantes. L’attaque contre le bouclier fiscal n’en est que plus sévère. Ce dernier amplifie ces inégalités. De surcroît, il se calcul sur le revenu net, c'est-à-dire après allègements divers et variés rendus possibles par toutes sortes de niches fiscales, un point relevé par Ségolène Royal cette semaine sur CANAL+.
Un programme attaqué de toutes parts
Une à une, les contreréformes sarkozyennes ont été ou sont mises à mal. Le paquet fiscal de l'été 2007 est attaqué de partout. Il ne représente pourtant que 7,2 milliards d'euros par, et non 13 à 15 milliards comme annoncé imprudemment en 2007. La défiscalisation des heures supplémentaires a été coûteuse, contre-productive et finalement anachronique. Quand nous l'écrivions en 2008, nous étions traités d'anti-sarkozystes primaires et frileux devant les réformes. Les heures supplémentaires, à 727 millions en 2008, représentaient l'équivalent de 466 000 emplois à temps complet. Leur défiscalisation partielle a coût 3 milliards d'euros au budget de l'Etat. Connaissez-vous une politique de soutien du travail aussi destructive d'emplois ? Cette semaine, l'exacte même critique est venue de Jean Arthuis, sénateur centriste : «l'exonération n'a eu aucun effet sur le volume d'heures supplémentaires. Cette mesure (...) est une usine à gaz pour contourner les 35 heures.»
Même la défiscalisation des intérêts d'emprunt immobilier a été un cadeau inutile : la pénurie de logements a bloqué les prix de l'immobilier à un niveau hors d'atteinte pour l'immense majorité des ménages: de janvier à juin 2008, les crédits immobiliers ont quand même chuté de 11%. La crise financière, en fragilisant les revenus et le crédit disponible, a achevé le dispositif. Gilles Carrez, rapporteur UMP du budget à l'Assemblée Nationale, en a fustigé le coût: 280 millions d'euros en 2008, un milliard en 2009, 1,5 milliard en 2010 et près de trois milliards en 2013. « Dans les circonstances actuelles, ce n'est pas très raisonnable» a-t-il commenté.
Nombre de cadeaux fiscaux sont enfin dans la ligne de mire des critiques, à droite comme à gauche : la baisse de la TVA pour la restauration (3 milliards d'euros par an, pour sauver 50 000 emplois, soit 60 000 euros par an et par emploi), l'imposition réduite des bons et contrats de capitalisation et d'assurance-vie (3 milliards d'euro), le crédit d'impôt recherche (4 milliards d'euros), le taux réduit de TVA à 5,5% pour les travaux dans les logements de plus de deux ans (15,5 milliards d'euros), etc.
Mercredi, le Monarque a reçu une grosse centaine de parlementaires de l'UMP: «Ne touchez pas au bouclier fiscal.» Sarko lâche quand même : «Si on y touchait, je choisirais moi-même le terrain, le moment et l’enjeu.» Il n'entend pas les critiques, et reste accroché à ses totems idéologiques. Il surprend Fillon et Copé en annonçant qu'il recevrait désormais ses parlementaires tous les mois pour «débriefer.» L'UMP est plus que jamais sous tutelle. Mais la bataille contre le bouclier fiscal ne fait que commencer.
Obstination migratoire
Mercredi, Eric Besson a présenté en Conseil des Ministres un projet de loi, le cinquième en 7 ans, renforçant les conditions de rétention et d’éloignement des sans-papier: les zones de détention sont étendues à n'importe quel lieu où sont arrêtés les sans papiers. L'administration validera en premier la légalité de l'expulsion éventuelle. Le juge des libertés et de la détention (JLD) ne pourra être saisi qu'après, dans un délai raccourci, pour se prononcer sur la poursuite ou non de la détention et la légalité de l'interpellation. On expulse d'abord, on juge ensuite. Bravo ! Le tribunal administratif pourra même prononcer « une interdiction de retour sur l'ensemble du territoire européen d'une durée maximale de cinq ans ». La durée maximale de rétention administrative sera portée de 32 à 45 jours. Besson s'abrite derrière les réglementations plus restrictives de certains de certains voisins européens.
Comme le notent Martine Billard, Noël Mamère, et Sandrine Mazetier, dans une tribune publiée par Le Monde mercredi 31 mars, la politique migratoire est l’un des rares terrains où aucun audit général de ses moyens, missions et réalisations n’a été effectué. L’environnement a eu son Grenelle, les retraites auront leur « débat », le Grand Emprunt ou la taxe carbone ont eu leurs commissions d’experts. On pourrait multiplier les exemples où la « concertation », « l’audit » et le « débat » ont été portés aux nues par Nicolas Sarkozy. L’immigration, comme la fiscalité, en sont restés curieusement exemptées, tels des totems idéologiques intouchables. Pourtant, les questions sont nombreuses, et certaines réponses ont été malgré tout obtenues quasi-clandestinement : l’expulsion des clandestins est-elle « rentable » (à près de 30 000 euros le sans-papier) ? Quelle est la contribution économique des travailleurs immigrés, avec ou sans papier, en termes de cotisations, d’impôts et de consommation ? Quel est leur impact réel sur l’emploi ? Décourager le regroupement familial est-il « rentable » ou pas ? Le ministre de l’identité nationale s’abrite tantôt derrière des cas parfois réels mais toujours anecdotiques et non chiffrés (cf les mariages gris), tantôt derrière des menaces fantasmées. Jamais il n'avance d’études précises.
Et le bouclier sécuritaire ?
Une opération coup de poing contre des trafics de drogue à Tremblay-en-France et un mauvais reportage de TF1 ont échauffé les esprits dans cette petite ville de Seine Saint Denis. Un bus est caillassé et un autre incendié à coups de cocktails Molotov. Brice Hortefeux contient sa rage. Il dénonce les petites crapules. Vendredi, Nicolas Sarkozy prévient qu'il veut «intensifier les opérations coups de poings dans les cités sensibles». La médiatisation des actions sécuritaires incite les criminels à médiatiser leurs méfaits. On se croirait dans un mauvais western. Sarkozy ferait mieux de doter la police de moyens. En trois ans, le gouvernement Sarkozy a supprimé plus de 9000 postes de policiers et gendarmes. Il en reste plus de 11 000 à supprimer entre 2009 et 2012 dans les plans gouvernementaux. Hortefeux promet aussi 25 000 caméras de plus dans les trains et les gares. La France compte déjà 400 000 caméras autorisées.
A quoi sert la video-surveillance si on n'a pas assez de personnel derrière les écrans ?
Fiscalité, sécurité, emploi, le programme sarkozyen de 2007 a échoué sur tous les plans. Le Monarque s'accroche encore, et a déplacé toute son action, toute son attention en direction de l'UMP. La campagne de 2012 a démarré, et la France n'a plus de président de la République... avec deux ans d'avance.
Ami sarkozyste, où es-tu ?
Dossiers Paperblog
- Personnalités politiques
- Journaliste
- Politique
- Politique
- Politique
- Politique
- Voyage
- Personnalités politiques
- Actu
- mode
- Personnalités politiques
- Fêtes-Cérémonies
- Sociétés
- Personnalités politiques
- Politique
- Politique
- Musique
- Presse
- maman
- Personnalités politiques
- Presse
- Personnalités politiques
- Sociétés
- Sociétés
- Sociétés
- Sociétés
- Personnalités politiques
- Personnalités politiques
- Musique
- Actu
- mode
- Marques
- Monde
- Politique
- Actu