Je n'ai jamais vraiment réussi à trancher mais je crois bien que le samedi, c'est le début de quelque chose. Il se passe un truc ce jour-là. Suffit de tendre l'oreille.
Au jeu du tout à l'égo, samedi, ça me dit. Imparable.
On a envie de se faire plaisir. Dormir plus longtemps, par exemple. Aller sa balader. Faire son marché. Aller vers soi. Tu fais quoi samedi ? Ce qui me dit ! On devrait essayer, en tout cas, y penser plus. Voilà un jour plus frais que ses congénères, plus calme, il a du temps en bandoulière, du temps qu'on peut s'offrir. Assurément un jour qui a du son. Et du sens. Le samedi ça me dit, une fois par semaine, la potion est jolie.
C'est en tout cas très différent des autres jours.
On peut tournicoter les lettres et les syllabes dans tous les sens, ça le fait pas pareil. Voire ça craint.
Le jeudi, éventuellement, peut-être à bon escient. Mais c'est tout. D'ailleurs, on pourrait faire du jeudi le jour de la parole, je dis que. Ca serait un peu cacophonique, chacun disant ce qu'il a à dire, mais ça serait sans doute épatant. Dans cette veine, le samedi serait jour des plaisirs, des envies, des désirs que chacun porte en lui. Ca ça me dit.
Les autres jours ? Moins drôle. Certains sont carrément des boulets.
L'un dit, c'est le jour où l'on cherche qui parle. Peut-être pas un jour où tout le monde se tait, mais un jour où au moins l'un dit. Les dames la bouclent, ce jour-là. Forcément, dés le lendemain, le temps se gâte. C'est grognon. Marre dit, et ça se crispe.
Mère creux dit, c'est finalement pas la joie pour les enfants, quand on y pense. Vendre dit, c'est la fin des haricots, le jour du porte monnaie, peut-être pour ça que tant de gens vont faire leurs courses.
Et dis manche, ça fait je vais à la quête, j'ai les poches trouées, héritage peut-être de ces temps où les églises la jouaient à guichet fermé et où les troquets en face des églises se frottaient les mains.