Tandis que la paquebot Sarkofrance prend l'eau de toutes parts, les rats quittent le navire à la vitesse grand V. L'équipage jadis si soudé autour de son commandant de bord rue dans les brancards et n'hésite pas à montrer son désaccord avec l'obstination pathétique de son chefaillon. Faut dire, les matelots élus tiennent plus que tout à leurs mandats locaux et ils se rendent bien compte qu'à force de suivre aveuglément la démente feuille de route du petit timonier, ils risquent de tout perdre. Adieu, mairie, députation et tutti quanti. Adieu veaux, vaches, cochons. Adieu les privilèges, les honneurs, les buffets campagnards gratuits et les fins de mois peinardes.
La séquence bouclier fiscal a été à ce titre un bel exemple de rébellion larvée. Juppé a donné le la en s'interrogeant sur la pertinence du cadeau fait aux nantis en cette période de grande crise. Il s'est également déclaré partant pour la présidentielle de 2012… Si Sarkozy ne se présentait pas. Précaution oratoire qui n'abusera personne. Du reste, même le plus zélé des courtisans, Xavier Bertrand s'est dit favorable à des primaires avec ou sans l'époux de Carlita. En entendant ça, ce dernier a failli s'étouffer en avalant sa pizza quattro formaggi ou son hot dog yankee.
Copé a enchaîné en avouant que sur le maudit bouclier, il n'avait pas de “religion définitive“. Moult élus UMP lui ont emboîté le pas en critiquant ouvertement le maintien de cette mesure injuste pendant que, de l'autre côté de l'Atlantique, le géniteur du prince Jean déclarait sa flamme à Obama . Comme nous rappelle le vieil adage, quand le chat n'est pas là, les souris dansent.
La presse servile a eu beau nous marteler qu'à son retour, le guide suprême avait sifflé la fin de la récré, personne n'est dupe. Le joueur de bonneteau a bel et bien perdu la main. Ses tours de passe-passe n'abusent plus qu'un quarteron de fanatiques façon Lefebvre ou Estrosi. Les plus mauvais sondages lui donnent 28% d'opinions favorables. Sa popularité a fondu comme neige au soleil et on ne voit rien venir à l'horizon qui pourrait lui refiler un coup de mieux. La pantalonnade ricaine outrageusement mise en scène par les médias gaulois a fait un flop de plus aux yeux du français moyen. Jouer le meilleur pote du président ricain n'amuse que lui et peut-être la ravie de la crèche qui l'accompagne dans ses déplacements.
De la secousse, Narcisse a perdu la boussole et s'agite dans tous les sens tel un sémaphore désarticulé. Et il s'énerve. Le soir même du résultat des élections, il prive de ses gardes du corps et de sa limousine, une de ses plus fidèles alliées, son ancienne égérie Rachida. Le Canard raconte qu'il n'a pas supporté que la belle effrontée viennent parader sur les plateaux télé alors que pendant la campagne, elle n'avait pas mouillé le corsage. L'ancienne garde des sceaux a appris la nouvelle en direct live. Un des officiers de sécurité lui a infligé l'ultime camouflet : “Désolé, madame, on doit rentrer, ordre d'en haut“. L'élégance neuilléenne n'est pas un vain mot. On ne sait si c'est Ferrari ou Chazal qui ont ramené la petite dame chez elle…
On sent bien qu'une Chiraquisation du bonhomme arrive à grand pas. Le recul sur la taxe carbone en est le meilleur exemple. Son volontarisme frénétique n'accouche que de pets de nonne. Sa crédibilité jouxte le néant. Toujours d'après le Canard, il userait jusqu'à la corde et surtout jusqu'à la fin de la réforme des retraites, un Fillon désabusé. Il le remplacerait en novembre par un Copé tout neuf. Tout ça pour quoi ? Pour faire une pause pipi qui le ferait remonter en grâce et lui permettrait de se représenter en 2012 avec un autre leurre. Façon Chirac 95 et sa fracture sociale…
Comme dirait l'ami H16, ce pays est foutu…