Le septième album de Spoon est une fois de plus sorti dans l’indifférence générale en France. Pour tout vous dire, je ne l’ai appris qu’il y à quelques semaines, au détour d’une chronique glanée sur un site US. Adoubés dans leur royaume, les Texans ont bien du mal à s’inviter à la table du succès dans l’Hexagone et cela fait 15 ans que ça dure. On pensait que leur précédent opus, le remarquable « Ga Ga Ga Ga Ga« , pourrait changer la donne mais trois ans plus tard force est de constater qu’il n’en est rien. On ne peut même pas mettre ça sur le compte d’une musique trop calibrée US tant le quatuor d’Austin mélange les genres et les influences. Alors, pas assez sexys Britt Daniel et Jim Eno, les deux têtes pensantes du groupe ? Assurément pas. Ce qui est sûr c’est qu’ils n’ont jamais défrayé la chronique, ont peaufiné leur style et après deux premiers albums confidentiels, ont connu un succès commercial aux Etats-Unis qui n’a fait que croître sur la suite de leur discographie.
« Transference« , leur dernier album en date, avait été précédé l’an dernier par un EP qui contenait notamment le titre phare Got Nuffin. On pouvait y entendre un son très marqué par le post-punk des 80’s avec notamment une section rythmique étouffante, un son très loin de celui du précédent album avec ses cuivres et ses guitares mariachis. Les Texans ont en effet décidé de ne compter que sur eux-mêmes pour la production de leur nouveau rejeton, histoire sans doute de reprendre le contrôle et de faire sonner l’album comme ils le désiraient. Bien que plus sombre que son prédécesseur, « Transference » reste dans la droite lignée des derniers albums de Spoon, avec cette touche groovy qui a fait leur renommée et est devenue une véritable marque de fabrique (The Mystery Zone ; Who Makes Your Money et le single Written in Reverse).
La musique de Spoon repose avant tout sur la voix légèrement éraillée de Britt Daniel, sur la science des fûts d’un batteur hors-pair (Jim Eno) et sur des mélodies où guitares et piano/synthé tirent alternativement la couverture à eux. Malgré la noirceur de certains titres dont l’introductif Before Destruction, il subsiste toujours une lumière qui brille dans la voix de Daniel, dans un riff de guitare, quelques notes de piano ou une ligne de basse (I Saw the Light ; Out Go The Lights). S’il possède en son sein moins de titres catchy que « Kill the Moonlight » ou « Ga Ga Ga Ga Ga« , ce septième album n’en reste pas moins une formidable preuve supplémentaire du talent et de la longévité des Texans. Combien des soi-disant groupes bankable du moment seront encore là dans 15 ans ?