a psychanalyse n’est pas une science !! Elle n’appartient pas à un corpus scientifique, et on se demande bien ce qu’elle vient foutre dans les universités. Déjà, la psychologie, c’est limite ; alors, la psychanalyse, pensez-donc … La psychothérapie ne guérit rien du tout, ce n’est même pas une façon de guérir, mieux vaut de bons médicaments, un choc traumatique, ou une modification comportementale !! Les patients souffriront moins que ces longues années coûteuses à parler à un charlatan. Pourquoi ne pas les « flasher » tant qu’on y est (http://dewaere.online.fr/paradis-pour-tous.html) ?
A toutes ces assertions, je répondrai par un seul titre : Mensonges sur le canapé de Irvin D. Yalom !! L’auteur raconte par le roman et par le menu la vie des psys et des patients, des analystes et des analyseurs, là où bon nombre de « novellistes » ne s’attacheraient qu’aux uns et pas aux autres. Et il peut le faire : psychanyste praticien, il est également l’auteur de nombreux livres plus théoriques comme « Théorie et la pratique de la psychothérapie de groupe ». Si il parle de ses patients avec retenue, compassion – on pourrait ne pas le croire en lisant la biographie du bonhomme, ce livre ne serait qu’un ouvrage publicitaire de plus, cela ne changerait rien – il a par contre la dent dure contre ses collègues et surtout, contre l’establishment psychanalytique qui sclérose et empêche toute avancée dans le domaine.
Ca ne vous rappelle rien ? On relit avec joie David Lodge, « Un tout petit monde », ou le plus sérieux et triste Brazzaville Plage de William Boyd. Il existe beaucoup d’autres fictions « scientifiques » qui décrivent ce monde sclérosant du savoir, dans lequel on n’a pas franchement l’impression d’évoluer, et que ce soit la physique, la primatologie, les lettres …, il semble bien que les institutions ne soient pas là pour faire évoluer le savoir, mais plutôt pour le contraindre : carrière des uns, aboutissement de réflexions pour les autres, le savoir une fois construit se substitue tellement facilement à la réalité que ses producteurs en oublient qu’elle en est une représentation. Ils ont tellement bataillé pour faire admettre leurs idées, ont tellement du agir sur les plans communicationnels, politiques, administratifs, pour pouvoir être reconnus, y compris pour pouvoir récupérer quelques subsides en plus pour pouvoir faire vivre le labo … Cette quête est si dure, si constante, on y perd parfois tant de plumes, ses idéaux d’honnêteté sont parfois tellement mis à mal !! Le monde scientifique est ainsi fait : la bagarre pour le savoir, c’est la lutte pour un pouvoir nécessaire.
Ce que propose donc « Mensonges sur le canapé », c’est ça : une proposition pour une nouvelle forme de psychanalyse, des propositions pour faire avancer ce savoir. Je ne rentrerai pas dans les détails, je ne suis pas moi-même de juger des fondements scientifiques de ces avancées.
Mais ce sont aussi les raisons pour lesquelles la communauté des psychanalystes de San Francisco refusent ces nouvelles idées.
Là où on pourrait imaginer que le combat s’installe, se développe, et aufinal conduit à une évolution de la psychanalyse, c’est la lutte de pouvoir entre des professeurs établis, tenant entre leurs mains les rennes de la discipline, décidant qui doiot ou non être psychanalyste, et une seule personne, qui tente de nouvelles approches. Ce n’est plus un débat, c’est un combat.
Et c’est probablement là ou la psychanalyse a des progrès à faire pour devenir une science : le débat ne s’établit pas, ou pas encore assez … Mais, au delà des apparences, combien de sciences voient dans leurs pratiques quotidienne ce débat réellement exister ? Plus ou moins …