"Eric must carry 15-20 Sci-Fi books with him at all times, but Sandy especially is into lot of mythology books - he did philosophy in college and was top of his class. So what do you do if you're a philosophy major? You become a rock'n'roll' manager!!.." (Joe Bouchard)
Where: Recorded at CBS Studios
When: 1974
Who: Eric Bloom (keyboards, stun guitar, lead vocals), Donald "Buck Dharma" Roeser (lead guitar, vocals), Allen Lanier (keyboards, rhythm guitar, synthesizers), Joe Bouchard (bass, vocals), Albert Bouchard (drums, vocals)
What: 1. Career of Evil 2. Subhuman 3. Dominance and Submission 4. ME 262 5. Cagey Cretins 6. Harvester Of Eyes 7. Flaming Telepaths 8. Astronomy
How: Produced by Murray Krugman & Sandy Pearlman
Up: riff gras qui dégringole sur un orgue doorsien, voix doublée pour Eric, sombre sur un riff noir ("I choose to steal what you chose to show"), puis éclatante sur la simple frappe sèche de Bouchard et l'envolée pop ("And you know I will not apologize / Your mine for the taking / I'm making a career of evil"), basse qui détale, Buck Dharma qui place un micro-solo, le riff s'incruste dans les baffles, les frères Bouchard sans spectacle en soutien bétonné, enfin le solo de Buck en notes aiguës capturées au fond du studio mais break immédiat sur pompe de basse pour pont menaçant d'Eric, grandiose ("I'd like your blue eyed horseshoe, I'd like your emerald horny toad / I'd like to do it to your daughter on a dirt road") retour du riff, du hard pop le malaise en plus, superbe compo, Patti Smith sur l'affaire, solo plaintif en fond final et vautre de fermeture ["Career Of Evil"]...
fondu enchaîné sur pain de basse qui se met en route à la Smoke On The Wtaer, sur riff clair de gratte, Eric en ronronnements flippants ("I am becalmed, lost to nothing / Warm weather and a holocaust") qui tournent rugissements sépulcraux ("Left to die by two good friends / Abandoned me and put to sleep / Left to die by two good friends / Tears of god flow as I bleed") sur un riff nerveux et claquant, éclairci in extremis par une suite d'accords solaires de Buck et la poésie ironique de Sandy Pearlman ("So ladies fish and gentlemen / Here's my angled dream"), un groove hard unique, allégé d'orgue, Eric se trouve une voix radieuse, Buck prend un solo clair tout en souplesse, y place des touches acides sur une pulsation de basse et des drums subtils efficaces, Duck s'embourbe dans une bouillie pentatonique grasse, s'en extirpe avec une poignée de notes à pleurer, vise une échappée, confirme son génie sans effort, Eric câlin comme un psychopathe se laisse porter par un piano liquide sur le retour du pont, la beauté du riff explose enfin mais part vite en sucette, un curieux cliquetis final, balade malsaine ["Subhuman"]...
le riff du siècle ? Eric hurle un "Oh yeah!!!" originel, les Bouchard brothers cimentent une rythmique à prise rapide, Eric, impérial, plaque son chant tétanisant sur le bloc sonore ("It's been ten years, half my life / Just getting ready but then it was time / Warpage in the figures, radios appear / Midnight was the barrier, back in 1963"), c'est compact, on manque d'air rapidement, vite un pont en gnons cisaillants sur les beignes d'Albert, une petite syncope rythmique finale irrésistible ("Each night, the covers were unfolded / Each night, It's Susy's turn to ride / While Charles, the one they call her brother / Covers on his eyes, murmurs in the background"), on remet le riff en route après un nouveau "Oh yeah!!!" d'Eric empereur serein du chaos, déjà le retour du pont en baffes de cymbales et fin pulsée, la basse part en chevauchée fantastique, l'orgue déboule pour ouvrir le solo-riff de Buck, guitares empilées et croisées, un pur moment de rock avec les New-Yorkais roi du monde, break sur la frappe démentielle de Bouchard, Buck rugit derrière, choeurs lucifériens qui scandent "Dominance... Submission! ... Radios Appear", une tension insoutenable sur quatre notes d'accord, orgue liquéfié et guitare sournoise, le son monte, la violence est irréversible ("Dominance... Submission! ... Radios Appear"), soudain : break - le plus violent du rock point barre - tout en cymbales splashées et accords industriels, scat rythmique et solo fabuleux, immédiat, de Buck qui dégueule sa pentatonique satanique nerveuse avec accélérations souveraines, guitare égosillée, fin sur accord colossal, le titre pour lequel MC5 et Stooges s'entre-tueraient ["Dominance And Submission"]...
riff boogie à dix-huit guitares au moins, tous en choeurs, quelle assaut sonique en béton armé, Eric en humour juif second degré ("Goering's on the phone to Freiburg / Say's Willie's done quite a job / Hitler's on the phone from Berlin / Say's I'm gonna make you a star"), ça swingue presque sur piano bastingue, un break tout de suite bien sûr en a-coups rythmiques et fuite de basse dans les aigus, Eric à la tête de la meute (" They hung there dependant from the sky / Like some heavy metal fruit / These bombers, ripened, ready to tilt / Must these Englishmen live that I might die / Must they live that I might die"), Bloom impérial, Buck piaffe et hennit derrière près à soloter, une espèce de boogie méphistophélique, break encore plus fort sur bruits de bombardements et acclamations malsaines sur fond de sirènes war pigiennes, grattes en mode hard, un blitzkrieg infernal, on laisse tourner la petite syncope rythmique, Albert au sommet, choeurs possédés de zz top new-yorkais, un solo de piano avorté, les cordes de Buck hurlent sur la fin majestueuse et violente, le punk pffff ["ME 262"]...
Albert pose les fondations aux drums explosifs, des choeurs pop ("Ooooh cagey, what you got?"), Eric redevient inquiétant, charge les débiles, un pont bluffant des frères Bouchard en ultra-violence, Eric passe dans les aigus ("Dumb clouds are raging, stupid clouds at my door / Creepy weather coming, hanging 'round my floor / Dumb clouds stay away, and don't come back no more"), Albert, rien à prouver puisqu'un des meilleurs du rock, se balade aux drums flamboyants, Joe indispensable en basse bazooka, Buck déboule, génie pur en bandoulière, sort le solo du siècle une nouvelle envolée en malaise, Eric revient au chant, un break aérien et un cri ("Well it's so lonely in the state of Maine!"), on concasse, on empile et on écrabouille pour terminer bien sûr ["Cagey Cretins"]...
pas de transition, un autre riff boogie, entrée ronflante de la basse avec claviers en surcouche, Eric part dans une nouvelle équipée ("Harvester of eyes, that's me / And I see all there is to see / When I look inside your head / Right up front to the back of your skull"), pont aérien en walking-bass presque bonhomme, riff sehr heavy sur scintillements de claviers, choeurs fiévreux, le riff patine en baffle gauche, une autre gratte s'invite à droite, boogie démuselé avec zébrures de Buck en solo dément aux aigus écrasés, un envol néoclassique doublé à la Blackmore, retour au riff alourdi par les frères Bouchard, curieuse histoire, les petits Satans à la croix de bois derrière ("Harvester of eyes..."), beau et terrible, et soudain, le break tonitruant à la guitare, Buck fait son Beck, retour ricanant d'Eric sur riff Sabbathesque, crash final, fin en comptine sur boîte à musique pour enfants ["Harvester Of Eyes"]...
roulement terrible de Bouchard et nouveau riff flamboyant, glissé et ondulant, sur notes de piano obsédantes, Eric fascinant déverse sa fiole ("Well I've opened up my veins too many times / And the poison's in my heart and in my mind / Poison's in my bloodstream, poison's in my pride / I'm after rebellion, I'll settle for lies"), travail impeccable des choeurs comme toujours, Joe en soutien testostéroné extraordinaire, le titre prend vite un envol rafraîchissant, Eric à l'aise s'engouffre dans le plus beau refrain de l'album ("Is it any wonder that my mind's on fire / Imprisoned by the thoughts of what you do / Is it any wonder that the joke's an iron / And the jokes on you"), en fond Buck et Joe bavassent gentiment, un peu de synthé précurseur en sous-couche, riff en bel équilibre, un solo trompettant de synthé sacrilège pardonné, quelques notes de piano fluides, un mix qu'entendra bien un certain combo Australien, solo de Buck qui embraye dans les étoiles et se fait Dieu, lève le pied pour faire dégorger sa six-cordes en somptueuses notes spatiales, un long solo étiré qui dégringole avec piano, Eric insiste sur ce poison inside comme un Sinatra psychotique, un final magnifique, jamais grandiloquent, Buck serpente et pleure, Bloom ad-lib un sinistre et moqueur "And the joke's on you" sur drums telluriques et solo sidéral ["Flaming Telepaths"]...
enchaînement illico de notes cristallines au piano sur batterie assourdie en retrait, un peu de synthé et effets wah-wah classes, Eric, cape du Malin rejetée en arrière, monte en chaire ("The clock strikes twelve and moondrops burst / Out at you from their hiding place / Like acid and oil on a madman's face / His reason tends to fly away"), basse superbe et splash de cymbales en soutien, une curieuse histoire d'extra-terrestres manipulateurs d'Histoire à décrypter ("Come Susy dear, let's take a walk / Just out there upon the beach / I know you'll soon be married / And you want to know where the winds come from"), break classieux en riff confiant, Joe sait aussi placer des notes rares, et ça part en boogie slow-motion ("Hey Hey!!"), Eric en tête de char pour ce Stairway To Heaven déviant, on calme un peu et on éteint le feu du riff, Eric reprend sa balade en articulations radieuses ("It's the nexus of the crisis
The origin of storms / Just the place to hopelessly / Encounter time and then came meit's the nexus of the crisis"), retour du riff démoniaque pour le final, Buck en solo divin évidemment, part en vrilles magistrales, on stoppe l'affaire sur de minuscules petites notes éthérées et basse en pleurs, un festival symphonique de cymbales et un "astronooooooomy" limpide et fracassant pour final surempilé et crash sur zéphyr... ["Astronomy"]...
Down: Chef-d'oeuvre absolu, vous avez dit ?