Par Jean-Philippe Cavaillez
Anaïs Bescond, qui a retrouvé le très haut niveau cette année, tire un bilan de sa saison
La saison arrive à son terme. Vous avez été sur tous les fronts : Ibu Cup, Coupe du Monde, Mondiaux militaires, championnats d’Europe. Quel bilan faites-vous de cette année bien chargée ?
«Un bilan plutôt positif. Honnêtement, j’étais en train de taper quelques mots pour faire le bilan moral et sportif de mon année. C’est positif. l’an dernier, on m’avait sortie de la liste des athlètes qui en valaient la peine (1). J’ai montré à tout le monde que c’était une erreur. Je suis contente car je suis sur la bonne voie. Néanmoins, j’ai une déception, c’est au niveau du tir. J’ai un peu cafouillé. En skis, j’ai toujours répondu même si j’étais fatiguée.
Que faire ?
J’ai déjà beaucoup mieux tiré. J’ai même eu quelques belles séances à La Seigne, à Anterselva, à Ruhpolding. C’est un état d’esprit. J’en suis capable. Là, c’est un peu de pression mal gérée, une mauvaise approche, un peu trop passive. Je ne prenais pas mon tir en mains.
C’est l’une des pistes pour l’entraînement cet été ?
L’entraînement s’inscrit dans une idée générale, un tout. J’ai aussi besoin de travailler ma technique en skis, de trouver de la finesse. Je ne vais pas me borner à faire une seule chose.
En partant du groupe « partenaires », vous vous êtes offert une belle revanche…
Je ne peux pas dire que je savais. J’étais en gros doute au début de la saison puis contente quand ça marchait. A Un moment, il faut arrêter de ruminer. Ce n’est pas professionnel. Il faut avancer. C’est trop facile d’en vouloir à tout le monde alors qu’il faut être à son affaire. Monter en coupe du monde avec l’esprit revanchard, ça ne peut pas marcher.
Les départs à la retraite de Sandrine Bailly et de Sylvie Becaert vont ouvrir un peu plus le groupe France…
Ca va surtout faire un grand vide. La première chose, c’est que c’est une grande perte pour le biathlon français, qui va mettre un moment avant de retrouver ce niveau. Même si le groupe est monstrueux, il l’a montré à Vancouver, les locomotives vont partir et seront dures à remplacer. Ce sont des personnes que j’estime beaucoup…
Tout indique que vous allez réintégrer le groupe France…
C’est tout ce que j’espère. Même si je m’attends à des remarques : « Ah, ça t’a fait du bien d’aller en groupe partenaires ». L’important pour moi, c’est de travailler en groupe. J’ai vu à quel point c’était dur cette année. J’étais parfois un peu seule. D’ailleurs, je veux remercier les entraîneurs du comité, et Patrice Bailly-Salins sur le pole France. L’armée aussi. Ils nous soutiennent, ils nous secouent.
Pour ces championnats de France, quasiment à domicile (Anaïs est Morberande, NDLR), quels sont vos objectifs ?
Absolument aucun. J’ai trouvé l’hiver très long. C’était très fatiguant. J’ai un peu de pression car je serai chez moi, devant beaucoup de personnes que je connais. Mais là, je ressens de l’usure. Je ne sais pas si ce sont tous les déplacements. Mais je sature.
Gardez-vous un œil sur Sotchi 2014 ?
De loin. Quatre ans, c’est loin. Ces JO, on va dire que je les ai en fond d’écran. Je pense d’abord aux Championnats du Monde l’an prochain à Khanty-Mansiysk. ça me suffit. Je veux continuer mon bonhomme de chemin.
Vincent Defrasne en partance, avez-vous un rôle de leader à assumer au sein du comité ?
Je ne pense pas que le massif nous en demande beaucoup. D’autres sont là : Jason (Lamy-Chappuis) est un leader avec un grand L. Il y a Aurore (Cuinet), Cyril (Miranda)… Je ne suis pas toute seule. En biathlon, il y a Leslie (Mercier) qui fait une grosse saison. On peut la mettre dans le même sac que moi. Je ne m’inquiète pas pour le biathlon. »
Propos recueillis par Jean-Philippe Cavaillez
(1) La biathlète avait intégré le groupe « Partenaires », en marge du groupe France.
Source : CAVAILLEZ Jean-Philippe. « Je suis sur la bonne voie ». In: Le Progrès. 2 avril 2010. [en ligne] http://www.leprogres.fr/fr/sports/jura/article/2937394,263/Je-suis-sur-la-bonne-voie.html (Consulté le 2 avril 2010).