Beaucoup de villes européennes vivent une crise de centralité après avoir vécu la suburbanisation. La spéculation immobilière, le vieillissement de la population, la décohabitation, l’érosion commerciale, ou encore l’émergence d’une nouvelle économie sont autant d’éléments qui ébranlent leurs quartiers centraux. Paradoxalement, les quartiers anciens, pourtant riches d’un patrimoine architectural et urbain, possèdent souvent une forte concentration de logements indignes. Ce n’est pas un hasard si l’ANRU, après son action dans les quartiers d’habitat collectif, s’attache maintenant à la question de la requalification des quartiers anciens dégradés avec le PNRQAD.
Il s’agit souvent de quartiers qui furent jadis animés et attractifs mais dont le positionnement et la morphologie spécifique ont empêché toute évolution. Pour ne prendre que l’exemple de la désertification commerciale, l’évolution de la réglementation sanitaire des commerces de bouches empêche la poursuite de ces activités dans des locaux trop exigus et largement inadaptés.
Le fort taux d’inactifs que l’on rencontre dans ces quartiers comme le profil d’une large frange de ses habitants renvoient à un ensemble de pratiques qui contribuent à la stigmatisation de ces zones. La corrélation du bâti ancien et dégradé se traduit par des logements à loyers faibles où loués à des populations exclues du circuit classique des logements HLM et plus encore des critères des agences immobilières. Or la dichotomie résidentielle entre logement subi et choisi peut trouver une voie de sortie par des la requalifications des logements et les l’implantation d’équipements et de services attractifs. L’enjeu est de passer d’une mixité des difficultés sociales à une mixité sociale choisie.
Plus encore que la requalification des quartiers d’habitat dense, l’action sur les quartiers anciens relève d’une science du temps. Quels sont les leviers et le phasage des actions les plus efficaces ? Ne doit-on pas entreprendre des interventions qui s’emboîtent pour rythmer le temps du projet ? Ne faut-il pas rechercher la flexibilité des ces formes anciennes et la revaloriser ? C’est à ce prix que nous pourrons prétendre à une action sociale en profondeur. Il faut développer des projets analogiques et des programmes hybrides. L’idée que nous développons est durable et elle passe par une réflexion poussée sur le temps des projets.