La rencontre de la danse et de l’art contemporain est un champ qui m’intéresse de plus en plus quand cette conjonction est enrichissante, stimulante, dérangeante. Ce n’est malheureusement pas le cas de la collaboration entre le Ballet National de Marseille et le plasticien chinois Ai Weiwei, dont on a pu admirer le goût pour les équilibres précaires et monumentaux.
Tout cela est très bien, mais à aucun moment ou presque il n’y a d’interaction entre danseurs et oeuvres plastiques : les échelles ne sont pour eux qu’un décor, qu’un support, qu’un artifex. Elles ne sont presque jamais un partenaire, un ‘animal à dompter’ comme le promettait le programme, un élément quasi vivant contre lequel danser. Le pire est sans doute l’apothéose finale où, au milieu des échelles recouvertes de voiles blancs angéliques, un danseur noir s’élève dans les cieux : ridicule à souhait.
Il y a pourtant deux ou trois moments où on sent cette tension, cet échange entre plastique et danse : quand cette très belle danseuse asiatique traverse la scène en duo avec cette perche, comme un pas de deux avec le métal, comme un accouplement. Et aussi quand une autre danseuse traverse la scène de droite à gauche, lentement, péniblement, trainant avec elle cinq échelles au milieu desquelles son corps est prisonnier.
Mais c’est tout : un beau spectacle de danse plutôt classique qui passe à côté d’une opportunité d’enrichissement avec l’art contemporain. Dommage. J’avais déjà manqué, pour cause de grève, Siddartha avec Prejlocaj et Claude Lévêque. Mais j’irais revoir le Ballet de Marseille vendredi prochain au CND.
D’ici là, en voyage.
Photo Pino Pipitone